VENETIAN SNARES

D’un coup d’aile, Venetian Snares passe d’un maxi bruitiste et nerveux loin d’être convainquant à une orchestration classique pour prestation en queue de pie. Pour « ROSSZ CSILLAG ALATT SZÜLETTET » , Aaron porte le costume bien coupé, s’attache la tignasse et compose la musique d’un ballet aérien pour pigeons. Breakbeat nerveux et sample d’orchestres slaves, Aaron trouve le juste équilibre entre énergie sur le fil et romantisme désuet ; prêt à exploser dans les plumes de l’oiseau de misère.. A l’image de ce piaf, Venetian charme et gratte dans le cou, décline une parade amoureuse avant d’entamer la danse du « crépuscule des microbes ».. Perpétuelle tension pour escapade au Champ de Mars, on retrouve les tourbillons rythmiques de l’intéressé et les couleurs pastels de In The Nursery. Sans doute l’un des ses meilleurs disques depuis « Songs for my cat »
« ROSSZ CSILLAG ALATT SZÜLETTET » (Planet Mu / LA baleine)

Single Juin

DISFLEX.6 « Robot dreams » (Sunset Leagues International / Chcia-chic)
« Robot dreams » devait sortir originalement sur le label anglais Lex. Lazerus Jackson et Jason The Argonaut ont visiblement préféré ne pas attendre et promettent un « Robot dreams » claquant comme un outsider’Ep représentant la richesse de la cour des activistes californiens. Sombre et fumeux, poussiéreux et couleur de terre battue, sur « Bom the Factory », « Dream Sequence » ou encore « Push », le crew troque le micro pour de vieux scaphandres sortis de l’imagerie de Jules Verne. Passé cette mise en espace, les sonorités composent une complainte douce et envoûtante, montrant peu à peu la richesse de cet album entre structures rythmiques profondes et flows exigeants. Disflex.6 se dévoile et s’impose aux côtés de Boom Bip, Sage Francis et Sixtoo.


SHIMAT « The lesser Stopped Burberry EP » (Planet Mu / La Baleine)
Ça suinte l’huile de vidange et le gabba kicks. Shimat, énergumène pinté du soir au matin, caracole sur le drum floor les mains encore pleines de pétrole et de houblon. « Face Off » fait l’effet d’un rouleau compresseur, explosant tout sur son passage avec un certain don pour l’accroche ludique et l’efficacité sans compromis. On ratiboise et on recommence avec la hargne de Hellfish, la bougeote de Kid606 et la manie du sampling addict de Mr Donna Summer. Un impeccable mix du style drum’ de Planet-Mu , entre arrogances hardcore, cordes raides acid et breaks de vénères.

JAMIE LIDELL « When I come back around » (Warp)
Nu sur une licorne.. Imaginez vous ! Et bien c’est sans doute l’un des fantasmes inavoués de Jamie Lidell. Cheveux au vent et crinière pourpre, loin des robots de tôle d’un premier album à l’expérimentation débordante de fantômes gris, Jamie chevauche rythmes funky et beatbox de démon dans les jardins de Paisley Park. Voix soul et effets de cutup band, il se révèle en Prince 2005 dans un hommage dandy à « Sexy Dancer » ou « I feel for you » sorti initialement en 1979. Maxi d’amorce annonçant un revival de la funkytude ? Sacré ce Lidell !

AESOP ROCK « FAST CARS » (DEFINITIVE JUX)
Blockhead et Aesop Rock se trimbalent dans leur dragster de carton avec pour passager Dj Big Wiz… Une virée de potes entre clubbing de papier gras de Brooklyn et orgue de pistons. Un scénario impeccable pour dessiner les prochaines planches de Bazooka Tooth, super-hero du bitume et du cynisme. « Fast Cars » et « Number nine » ricochent dans le flot des caniveaux, étincellent sur les plaques d’égouts dans une combinaison sonore impeccable.

DESDEMONA DIED « A tale told by wonder » (Waniumonk Records / Chica-chic)
Etrange spoken world aux ourlets new-wave, Desdemona Died veut nous envoûter avec sa magie noire s’inspirant de Meira Asher, se voilant dans le grand manteau de feuilles de Miranda.. Loops hiphop ou collages sonores, les ambiances sont imparablement arrimées dans le dédale des années électro gothique. « A tale told by wonder » trouve un écho dans la discographie de Cranes, le phrasé enfonce le clou du côté d’Anne Clark.

ISO BROWN « Motoide » (Le stupide disque)
Première référence pour Le Stupide Disque, micro structure strasbourgeoise formatée en 45 tours. Breakbeat sautillant et mélodies dilatées, Iso Brown se fait ami-ami avec les dauphins et Otto Von Schirach. Le temps de « Motoide », grand bleu surfant sur une électronica élastique, Iso fragmente les grésillements quotidiens dans une fascinante chorégraphie imaginaire pour sirènes mélancoliques. Un voyage en cabine de décompression avant d’écouter « Mr le Directeur » et « Psy mais gentil » , turbulentes tracks où les sonorités fusent, traversant la pièce à la vitesse de la lumière avant de s’écraser sur la piste de l’inquiétant cirque Schematic ayant pour Maître de cérémonie Mr Otto.

THE EMPEROR MACHINE « Vertical Tones & Horizontal Noise »
(DC Recordings / La Baleine)
Double maxi pour le prolifique Andy Meecham, que l’on retrouvait déjà derrière Chicken Lips et le gang de ravers de Bizzarre Inc. Instruments vintage, production estampillée 70s, Andy s’amuse avec les artifices et la naïveté de l’époque. Sonorités d’un espace confiné dans les effets analogiques d’un synthé de bois, références dubby disco et bass new wave, influences des années sci-fi film ou structures krautrock, pas de place ici pour les laptops mais un véritable band prêt pour une jam progessive (avec Markus Kienz de Klein Records). Avec pour ambition, retrouver la planète CAN..

DOORMOUSE « Xylophone Jism… » (Cock Rock Disco / Chronowax)
Le break en riant.. Quant Venetian joue au furax, Doormouse met son nez rouge. Quand Otto revêt son costume de mutant electrocore, Doormouse retrouve ses apparats de cowboy et part en vadrouille pour vider les bars locaux. Debout sur le zing, il amuse la galerie (Donna Summer en tête) avec xylophone, breakcore, drum poli aux papiers de verre et trompette de clown mécanique. C’est la grande foire du sampling fou, la braderie des larcins démoniaques, la jam de l’improbable… Doormouse, un peu le Brice de Nice du breakbeat transposé dans un western imaginé par Tim Burton et accompagné par Scoubidou.

ADD NOISE « SURFACE NOISE » (Earsugar Beatbox / Chronowax)
Le duo ADD NOISE s’incruste entre deux sillons des références d’I Cube, redessine les contours des productions de Carl Craig, et enrobe de fumée dub une cérémonie en hommage au Cologne style. Effet aquatique pour house minimale aérienne, cette première référence d’une série pour dancefloor expérimental, « Surface Noise » est la parfaite ritournelle de fin d’after estivale, l’hymne de terrasse tardive en bord de seine. « Free your mind and your ass will follow » trouvons stické sur le site internet. Pourquoi pas mais l’idée et la méthode ne sont pas d’aujourd’hui. Bien goupillé mais rien de révolutionnaire donc…

M.E.D « Push » (Stones Throw Records)
Invités de marque avec MF Doom sur le dernier Quasimoto (intitulé "The Further Adventures of Lord Quas"), M.E.D et J. Dilla articulent leur flow sur une basse rampante et sombre. « Push », ambiance cérébrale et glaçante / « Can t hold on » loop ensoleillé pour un classique de street corner.. A vous de choisir.

V.A. « Now 02 » (Underscan / Chronowax)
Ça commence toujours sur le quai d’une gare ou dans une salle d’attente d’aéroport. Aube bleue, flot d’hommes ou désert mécanique, escalators et leur cargaison de travailleurs ou ascenseurs de fantômes, Robin Rimbaud, alias Scanner, ouvre le second volume de la compilation avec « Interreum », installation sonore effectuée à Leipzig dans… un train. On s’attarde plus longuement sur les trois artistes suivants : Onethema, Quench et Rod. Onethema, proche des lillois de Bedroom research, propose un hip hop instrumental et planant proche des productions de Skam. Les deux frangins néerlandais de Quench, que l’on avait repéré sur la compilation Music aus Strom, proposent un univers stylé et mélancolique, multipliant les effets et les jeux de matières, les ambiances feutrées et les mélodies subtiles. Enfin Rob, après une introduction sombre et rampante, attaque avec une rythmique efficace et ronde avant d’envahir la piste d’une pluie de riffs de guitare travaillée au corps et à la tronçonneuse.

V.A. « Polymorphik Piece 2/3 » (Puzzling / Chica-chic)
Surgissant des tréfonds de l'âme underground belge, les Somatic Responses refont parler d’eux en apparaissant en face B du second volume de la compile Puzzling. Grands frères de cette scène ruminant désillusions et amertumes, Somatic conjugue résonance lourde et beat vrillé, basse malade et crépitements indus. Un trou noir (ou un marécage, au choix) à lui tout seul ce morceau !! La jeunesse locale, accompagnant le duo sur cette face, mixe également les ambiances pesantes et les eaux saumâtres à l’image de Shore et Dev Null. Surexposés au rayon X, Kirdec et Kaebin Yield préfèrent perforer le blindage des bunkers Zark et Praxis. Il faudra se jeter sur la Face A pour respirer avec Mad ep et Exillon, parfaite introduction dark électronica, avant d’attaquer la drill ludique et carbonisée de LFO Demon, Cdatakill et A.L.F

AGENTS XI « Altarima » (Génie ou rien)
On avait découvert Agents XI avec « Monstre Jaune ». Bluz et Jemsee reviennent avec un essai préhistorique en cinq tracks où la musique joue de faire valoir au discours « de la parole rupestre ». Le beat hiphop s’efface devant un spoken world des ténèbres, les sonorités électroniques tribales construisent la trame d’une réponse possible aux questions existentielles. Torturés et opaques, les Agents XI ? Sans doute, mais surtout curieux et véridiques.

EWUN « Face Off » (Barcode)
MANIFEST « Raw & Real » (Renegade Hardware)
Ewun a la rage aux dents et la basse tenace. Fini les revendication happy et le smile au coin du break, nous voilà reparti dans les contrées sombres d’une drum de fin de nuit, hargneuse et bad trip.. OK, on ne va pas regretter les samples ensoleillés mais si on pouvait cesser de tourner en rond côté loop ! Ce que semble vouloir Manifest. On retrouve naturellement toutes les ficelles vibrantes du style Renegade mais Manifest s’empresse de les diversifier par des samples originaux, des références hip hop, des dérapages vers les sonorités sous pression et une production non conforme ..

C-RAYZ WALZ « R’THENTIC / STREET REPPIN » (DEFINITIVE JUX)
Sortie du nouvel album de l'ancien membre de Subverse Music, signé chez Definitive Jux, C Rayz Walz s’entoure des compagnons de label dans un échange de bon procédé (Vordul Mega de Cannibal Ox, Aesop Rock, Rob Sonic from Sonic Sum, El-P ou encore M-1 de Dead Prez) et annonce la couleur avec un premier maxi sonnant comme un rappel de la vibe originale…

WHITE STRIPE « Blue Orchild » (XL Recordings)
Ils l’ont bien cherché !!! A peine sorti , « Blue Orchild » se trimballe en version bootlegs un peu partout sur le net (notamment avec Prodigy « Voodoo people » et Kraftwerks « Antenna »). Transpirant les années d’or du rock chevelu d’AC/DC, racolant dans les parterres de clubbers mystifiés par 2ManyDjs, «Blue Orchild » a tout pour être un tube FM et de club. OK ! En espérant que la prochaine hype vestimentaire ne soit pas de se trimballer en culotte courte d’écolier …