KOMORI



Komori est un musicien aérien, oscillant entre discrétion et indécision, entre mélodie évaporée et breakbeat énergique. Pour son premier album sur la structure Modulo (label monté par K-OZ et de Laurent Hô), il décolle dans l’allégresse d’un petit cache-cache braindance. Car le jeune homme est joueur. Faisant partie de cette scène française qui a appris à lire en écoutant les premiers Aphex, il survole les clochetons dorés du catalogue Rephlex, il enfourche les rythmiques étendards d’Ovuca, il vacille sur des démangeaisons 8bit avant de se montrer tout à son aise dans la conception de mélodie entêtante. Alerte, enjoué, « Ramen Girl » est un album multiple où l’on devine Komori dans sa bulle. Résolument organique, loin du tapage nocturne, il ne cherche pas ici à descendre sur le dancefloor avec des ritournelles démoniaques mais préfère se laisser bercer par un ballet de spirales vacantes. Samplant Dead Can Dance ou s’inspirant de Dino Felipe, il s’efface peu à peu au point qu’on pourrait presque l’oublier.. Alors sa musique le révèle. Son tempérament lunaire, ses échappatoires secrets, à l’image du très beau morceau fermant l’album..

« Ramen Girl » (Modulo)

FUNKSTORUNG

Mickael Fakesch et Chris de Luca célèbrent leur 10ème anniversaire en stickant des smileys sur leurs machines et sur leurs ordinateurs revenus au centre de leur production le temps des festivités acides. Acid à gratter, hit-parade 90’ poilu du torse, cut/off guérilla sentant la sueur des nuits sans lune, ils hystérisent l’olympiade d’un revival où l’on attend plus que le retour des terroristes d’Altern 8. Dans un jeu de destructurations incendiaires, d’électronica empoisonnée, de suées poisseuses, les deux compères reprennent d’anciennes compositions laissées dans les cartons ou rajeunissent leurs premiers morceaux parrus sur le label Acid Planet, sous label de Bunker Records lancé en 94 pour les tracks expérimentales de la scène industriel de la Hague... Puisant dans leurs expériences de fins limiers electronica, ils enchaînent mélodies disjonctées, electronica transgénique et bassline scratchée dans une sulfureuse équation mal-léchée. L’ordinateur jubile, la 303 brûle ses composants. Impeccable suite à l’album de Luke Vibert sur Planet Mu, pour continuer la fête jusqu’au matin
FUNKSTORUNG present « THE RETURN TO THE ACID PLANET » (K7 / PIAS)

SUBJEX

Le jeune Subjex déboule avec un nouveau maxi survitaminé, laissant dans les starting-blocks tous les Donovan Bailey de la mélodie bricolée. Sur ressort le lillois ! « Supersonic Mezze » présente en quatre titres les délires lubriques de son géniteur repéré par Mike Paradinas (un 45t sur Planet Mu) et par les cramoisies de Miami (un maxi prévu sur le label Somia.). Ce maxi est un terrain piégé de jeux complexes où les références à Janson Forest et Otto Von Schirach tombent sur un beat électro pur dancefloor, une rythmique jungle, un break dub gonflé d’acide 90’ ou un entêtant 8bit. Car voilà la force de Subjex ; contrairement à beaucoup de productions sombres et malades, il propose une version ludique et festive du breakbeat déchiqueté. Une belle réussite « Electrofunkytechnodrill'n bass » (dixit son site internet) où s’entrechoque Doormouse et Paraone, Teamtendo et Modeselektor, Ovuca et Jake Mandell …


SUBJEX« Supersonic Mezze » (IN Vitro)

VEX’D’

Vex'd, c’est deux londoniens : Jamie et Roly. Deux b-boy ayant usé leur pantalons sur les mêmes bancs du collège de Bristol et responsables des deux premières références du label Subtext : 'Pop Pop' et 'Lion'. Suffisant pour Mike Paradinas ? Et bien oui et à l’écoute de ce double album cela se comprend. Handclaps caverneux, basses de gusto–psycho, écho de radar , la grime de ces deux chérubins se pare de ses couleurs les plus sombres, carbonisant Dizzee Rascal sur un bûché confectionné avec les patriotes de The Bug. Car le duo préfère les méandres originelles de Virus, les sonorités métalliques des productions de Moving Shadow et le souffre de la fratrie Techno Animal, aux paillettes d’un grime version edit. Restant sous la ligne de flottaison, « Degenerate » souille les dancefloors, enfume les feutrines. Rythmiques lourdes et effets sonores d’un loosely dubstep , les douze compositions déversent leurs surplus graisseux, comme autant de rouleaux denses d’une marée noire abandonnant sur la plage emprunts breakbeat, hardcore, gabber et 2 step et références à un tracklisting redoutable regroupant Photek, Technical itch , Gunshot et Fever .. Un futur classique

VEX’D’ « Degenerate » (Planet mu / LA Baleine)




MATHIAS SCHWEIZER

Voilà donc l’univers singulier de Mathias. Membre de la communauté Rolax basée à Paris (où l’on retrouve notamment Komori et Leonard de Leonard ), Mathias construit une musique mixant ses références warpiennes et son engouement pour les habillages sonores de grands projets multimédia. A l’image de ce livre disque objet, « Tuning » ressemblant aux livres pour enfant où la musique accompagne l’image. Campagne bucolique ou aire de repos d’autoroute, Mathias et son compagnon Jean-Marc Ballée à l’image , nous invite pour un road-movie dans la banlieue de Chaumont. Un voyage durant lequel on croise au coin d’une rue l’univers du duo Gangpol und Mit. Les environs de la ville se relayent dans l’exploration d’une géométrie minimale. Le duo construit un labyrinthe confectionné d’accidents sonores, de groove bleepien et de décor réinventé en sucre. Dans ces méandres d’une architecture sablée et ces mélodies inspirées de la vie quotidienne d’un quartier pavillonnaire, on imagine les habitants fantômes se levant sur « Tim & Bear » ou se recueillant sur « Bells ». A noter la présence d’un 45 tours proposant deux remixs de Komori et un de Toyz R me

« TUNING » (Rolax / Discograph)