MAZK « In real Time » (Ytterbium)

Onze minutes. Il faut onze minutes à Masami Akita (Merzbow) et Zbigniew Karkowski pour en arriver au point de saccage. Saccage du petit confort dominicale, des petites assurances d’une musique électronique à manuel mais sans âme. On débarque en pleine brume épaisse et opaque, un brouillard qui pourrait bien nous foutre la pétoche lorsque l’on connaît les deux protagonistes vivant au Japon. Les essuie-glace fatigués cuinnent comme pour annoncer le déluge. La bourrasque ! Il pleut une pluie sale, lourde et poisseuse, noire de parasites et de sonorités traitées à l’éther. Les murs se fissurent sous la pression des remous asthmatiques, le sol s’envase dans un vrombissement sonore raide comme un I. Puis un espace vierge , où l’on découvre la solitude nocturne, les embruns de la mer du Nord, les démangeaisons rongeant comme autant d’érosions. Derrière l’inexorable écoulement du sable, du temps et des crépitements sonores, c’est l’usure corporelle et morale, les phases euphoriques accompagnées de consternations violentes.. « In real Time » vous malaxe, vous entame, vous purifie. Un décrassage sonore comme une rafale de vent en pleine tempête de sable. La chanson traditionnelle de la dernière minute, vous annonce que vous êtes repartis pour un tour.. Physique !

QUINTRON & MISS PUSSYCAT

QUINTRON & MISS PUSSYCAT « Swamp Tech » (Rhimestone Records)

Le boss de Tigerbeat6 est tout chien-fou devant Quintron et Miss Pussycat. Avec eux, on ne tente pas un cross-over de l’impossible, on est simplement inventif, déluré, et irrésistiblement dans la veine d’un garage band pur sang. Dans un joyeux bric-à-brac de sueur et de skaï usé, de veste cintrée et de cocktails affreux-disiaque, la fougue freak et le panache rock s’entrechoquent dans les influences radicales punk et l’efficacité scénique. Quintron et la Miss n’inventent pas un nouveau style, ni un adage musicale bancale, mais font tout simplement une musique qui a des couilles et des déhanchés, de l’histoire et de l’énergie à revendre. Derrière son orge customisé en vielle bagnole américaine, accompagné de sa Drum Buddy (boîte à rythme initiée au tcha-tcha-tcha), Quintron joue à merveille son rôle d’organiste félin rodant dans les tanières de John Spencer, des Cramps, de Bowie et de Jimmy Tenor. Le tout entre paroisses de la Nouvelle Orléan et nightclubs. Devant, maracas au poing, Miss Pussycat chante, braille, bastonne avec ses nasty marionnettes. Un garage band foutraque et jouissif idéal contre la sclérose des cerveaux bloqués sur la mode de revival. Un disque qui fera passer toutes les starlettes électro-guitare actuelles pour de vieilles rombières du brushing-culture middle class.