AKM « Mmii ep »




AKM « Mmii ep » (Ritte ritte ross / Toolbox)
Dans l’exercice casse-gueule de l’expérimentation, la palme du saut d’obstacle réussi revient à AKM. Substances reptiliennes sucées jusqu’à l’os d’une folie numérique, voilà une sélection de quelques tracks trachées dans les méandres d’un marais bouillonnant. Les larsens résonnent dans l’éclaboussure d’une tuyauterie fatiguée, l’émaille des dents jaunies officie comme caisse-clair. Electronique infectieuse, breaks asthmatiques et litanies cacophonique, les huit compositions grésillent sur le catalogue de VVM, se frayent un chemin dans les sillons de d’Autechre.. Vient alors une sensation quasi narcotique et tranquillement toxique qui vous fait rentrer dans ce tourbillon. On boit la tasse, on surnage, on replonge entre deux eaux troubles, avant de retrouver de l’autre côté de la rive, pour le dernier morceau digne de Sean Booth et Rob Brown. « Viiimmii », scratché par Dj Hophead, marie les vertiges rythmiques, le blues des profondeurs et les remous expérimentaux, pour un résultat à la hauteur de « Confield ».

MEDIACOMPOSER

MEDIACOMPOSER « Quai Branly » (Eko net label)

Les ballades nocturnes parisiennes sont dans les prochains temps humides et scintillantes. Médiacomposer semble bel et bien être inspiré par l’effet du vent sur les parois des tours de la Défense, les ruissellements de la rosée sur la bute Montmartre , les claps de la seine sur la carlingue des péniches du port autonome. Basses sourdes, tics sonores, rythmique s’éclipsant dans une mousseline de brume, il se joue de la froideur de l'acier et du béton pour inventer une monde parallèle où les plantes envahissent les murs, les araignées s’activent dans une dance organique et les poissons argentées traversent le ciel… Poétique et apaisant

DIZZEE RASCAL « Sirens »(XL) 12"

DIZZEE RASCAL « Sirens »(XL)
Le prochain album de Dizzee Rascal est déjà annoncé dans la presse britannique, jamais avarde de sur qualificatif, comme le meilleur disque de hip hop anglais de tous les temps. Et on prend plaisir à les croire, tant le jeune bad- dubstep/junglist a le don pour proposer un hip-hop chahutant et curieux, affolant son monde entre les gourmettes grime et l’héritage de l’âge d’or des KRS-one. Avec « Sirens », on se frotte alors les mains lorsque la combinaison mortelle est pressée dans le pétrole brut du vinyl sur un lame de guitare métal.. Menaces urbaines, sirènes et loups numériques, on s’usera les oreilles entre beats hip-hop et ondes blanchies à la chaux. Dizzee compte bien semer la zizanie mixant efficacités B-Boy inspirées et hymnes sonores actuels.. Nickel

L.O.A.F


GAVOUNA« Falling EP » (LOAF)
Après des productions sur les labels Melodic et Arable, Gavouna s’offre un maxi packagé dans la somptueuse série L.O.A.F. Le temps de « Falling EP » , il pleut un crachin de nostalgie découpée dans des photos noires et blanches.. Textures en équilibre, piano, batterie ou violoncelle discrets, Gavouna s’est retiré dans les grandes herbes d’une clairière, se laissant happer peu à peu dans un lit de mousse fripé comme un vieux matelas fatigué. Là, les yeux rivés vers le ciel, les oreilles dans les nuages, il écoute le vent chantonnant à la cime des arbres. Sa musique s’invite alors avec ses apparences classiques , sa douceur de fin d’après midi et ses envoûtantes silhouettes des habitants de la forêt. Entre Leafcutter John, Red House Painthers, The Field Mice et Encre, . Gavouna compose comme un chasseur de papillon..

BARBED « Doubleclick Countryside EP » (LOAF)
BARDED est un duo britannique composé d'Alex Burrow et Alex McKechnie, ayant travailé notamment avec Add N to (X). Mais point ici d’ambiances de pneu cramé et de sueur punk, mais au contraire leasy lag d’un downtempo pour salle d’attente tamisée d’aéroport.. Les ambiances n’ont donc rien de révolutionnaire, mais on se laisse convaincre par l’approche cut and past du duo. Méthodologie du sampling que l’on pourrait rapprocher des travaux de Monsieur Depth Charge.. Citronnade ..

VINCENT OLIVER « EP 1» (Loaf )
Cela commence par un hommage à la flopée shoegazer ,aux fastes électriques des années 90, des cheveux longs cachant le teint blafard des jeunes mélangeant les guitares de Bloody Valentine avec le scintillement de Spacemen 3. Voilà donc Vincent Oliver, étrange personnage aux yeux abreuvés d’alcool (voir son site) se lançant dans un maxi lunaire et mélancolique. L’ombre du quatuor irlandais affole la partition de « Drunk fun in London » avant de laisser place à l’orchestre de feuilles d’automne de « If yellow were sad » accompagnant la partition d’une électro-pop lo-fi. Beatnik d’un nouveau genre sillonnant les styles, il élabore une musique hybride,teintée d’ironie, gorgée de fraîcheur et de références. Un petit ovni impeccable. Belle réussite pour lapremière référence de LoAF, sous label de Lo recordings.

THE TUSS

THE TUSS « Confederation Trough » (Rephlex)
La sortie d’une production Rephlex stickée d’un pseudo mystérieux fait toujours l’objet de convoitise, d’interrogation, de messe basse et de rêves les plus fous. Imaginez ! ce pourrait bien être Richard D James planqué derrière tout cela, tant les tracks scintillent d’arrangements rappelant « Analord ». En quelques secondes, le décor est planté. Dès "Fredugolon" et sa série de claps crépités d’acide, ou « Alpsacka » aux envolées sourdes et mélodies ténébreuses, on pense irrésistiblement à la recette maison du grand rouquin.. Paysages étranges et mélodies émouvantes, références breakbeat et acidités de rigueur, The Tuss donne toute la mesure de son talent, parvenant à faire résonner ces rythmiques influencées par les productions de ses grands frères (Cylob, µ-zic ) dans une réflexion poétique de nappes mouvantes. S'efforçant de garder cette lumière rarement aussi bien utilisée depuis Aphex dans les recoins de cette facette dance-expérimentale, Brian Tregaskin (après une petite recherche sur myspace) éclaire l’horizon actuel avec ses poussières astrales, ses sonorités non aseptisées et son romantisme de silicium

PORTRADIUM & PJUSK

PORTRADIUM « Transaltlantyk » (PPT)
Bande sonore présentée comme un « Passeport pour l’imaginaire et la découverte ! », la volonté de Ludovic Poulet est ici portée sur la recherche et la rencontre d’images intemporelles sujetes à nos souvenirs enfouis. Allongé sur la toile, les lumières éteintes,il laisse le public découvrir pleinement les sonorités planant dans l’air entre performances multimédia, expérimentations noize, électro acoustique et minimal ambient. On retiendra les textures riches de l’ambient raisonnant sur les parois de verres, les démangeaisons infectieuses d’une l’électronica teintée de classissisme, ou les résonances du post-rock claquant le bitume. Impeccable compagnon pour une divagation dans un petit monde fragmenté et éclaté où vous vous ferait votre propre cinéma..

PJUSK « Sart » (12K)
30 degrés… Le parc de la Défense s’était mis au vert pour la première fois depuis longtemps. De quoi s’y méprendre et se croire à la campagne, avant de remarquer que l’arbre était sec, l’herbe rouge, la terre brûlée, le béton fissuré. Le désert, plus d’âmes. Uniquement les vents artificiels des ventilations des buldings environnant. Plus tard, au clair de lune, les harmonies s’évanouissant dans les plumes d’un corbeau magistral, papillon de nuit se cramant les ailes sur le lampadaire, les mélodies s’époumonent en voyant la nuit soufflant son « mortal coil ».. Dehors les arbres sont toujours secs, les feuilles jonchent le sol. L’air fait frémir.

HANNA HARTMAN

HANNA HARTMAN « Ailanthus » (Komplott / Metamkine)
Hanna Hartman est suédoise et habite en Allemagne. Compositions de collages sonores macro ou micro, elle enregistre aux quatre coins du globe ou au niveau du parquet de son studio pour narrer ses sensations, ses souvenirs pliés à la façon de l’art origami. Grincements du bois sous l’emprise du feu, vol d’insectes, souffle du vent, porte qui claque, chants d’oiseaux et de vaches.. Dans les coins cornés de ce pliage sonore « Ailtanthus » (pour le label suédois Komplott, responsable de la sortie en 2005 de «Longitude / Cratere) », on devine Hazard (B.J. Nisen), Einsturzende Neubauten ou encore Leafcutter John..

TUJIKO NORIKO




TUJIKO NORIKO « Solo » (Edition Mego)
Pour « From Tokyo to Naiagara », Tujiko Noriko proposait une promenade fiction aux atmosphères crépusculaires. Mélancolie quotidienne projetée sur le bitume mouillé, nomades intra-muros expatriés dans les fjords de Leila.. Après quelques albums de collaboraiton, on retrouve Tujiko seule pour un album de campagne. Elle interfère minimalisme pop, collages ambiants aigre-douce, expérimental cotonneux et post-rock maquillé, pour un album résolument plus posée et lumineux. Tujiko abandonne la grisaille pour aller se rouler dans les herbes hautes, jouant avec le vent, les nuages et le soleil..