FRIENDLY FIRES

Le nom du groupe s'inspire directement d'une chanson du premier album
de Section 23, groupe post-punk eighties sur Factory, tour à tour
produit par Ian Curtis, Martin Hannett et Bernard Sumner. Une filiation
revendiquée par ce jeune trio de St Albans, au sud de Londres, de A
Certain ratio à Foals, de New Order à Late of the Pier. Produit par
Paul Epworth, le premier album de Friendly Fires est une fête
hédoniste, une soirée mousse organisée dans les effets de souffle des
nu raves parties et les remixes de l'indie rock, entre les (sur)estimés
Klaxons et les fédérateurs Bloc Party. Le registre de Friendly Fires
s'emploie à jouer sur d'improbables associations, Cure et Roger
Troutman par exemple. Ou Sly et les Talking Heads (l'imparable In the
hospital sonnant comme du !!! de Glasgow) pour achever les derniers
clubbers d'une basse dans la tête, jusqu'au remix électro envapé de
Paris avec les donzelles d'Au Revoir Simone, entre synthés eighties et
freaky disco house. Friendly Fires est au programme du Shockwaves NME
Awards Tour, en tournée en Angleterre avec Glasvegas, White Lies et
Florence and the Machine. On vote pour eux ! (PP)


FRIENDLY FIRES Friendly Fires (XL Recordings)

LATE OF THE PIER

Pas de panique. Les quatre singles sont sur l'album, calés dans la
setlist d'une Sausage Party au Liars Club à Londres, point de rencontre
des groupes ados et des djs nés de la bastard pop, de la nu rave
électro et du revival post-punk. Un chaos de fond, avec des guitares
punk et des virus électro, des solos de guitares et des synthés
eighties. Un drôle de disque à vrai dire, flirtant avec le genre et le
non-genre, le rock prog et la no wave, la glam pop et le thème de film,
le tout s'enquillant dans une joyeuse bousculade produite par Erol
Alkan, dj remixeur de Bloc Party et des Klaxons. Fantasy Black Channel,
l'album qui est un peu à 2008 ce que le premier Talking Heads était à
1978, appartient déjà à cette nouvelle génération qui a grandi avec un
iPod autour du cou, associant Soulwax, Manic Street Preachers, Gary
Numan, Franz Ferdinand, Giorgio Moroder, Magazine et Crystal Castles.
Sur fond de montagnes mauves. Au sommet du monde. (PP)


LATE OF THE PIER Fantasy Black Channel (Because)

BON IVER

On aura tout dit ou presque sur le bon omme. Justin Vernon, largué par
sa copine, s'installe pour trois mois dans le relais de chasse
appartenant à son père, dans les forêts du nord du Wisconsin, sous la
neige, coupé du reste du monde. Il y compose une dizaine de chansons
dédiées à son chagrin d'amour et à sa solitude par moins 15, réunies en
un album mis en ligne sur le net. For Emma, forever ago, l'album, est
distribué par l'indé Jagjaguwar (label de Okkervil River et des Besnard
Lakes) et le folkeux à bonnet est promu falsetto de Noël. Avec un
pseudo de carte de voeux pailletée, où il poserait en compagnie d'un
bonhomme de neige grimaçant, Justin Bon Iver Vernon a le sourire et la
barbe figés par le givre. On pense à du Loney, Dear ou à des chants
grégoriens pris dans les glaces, parfois à du McCartney version neige
fondue, voire à du Stephen King dans lequel des scouts sont élevés par
des loups. Une sorte d'ivresse des grands froids, mélange de peine de
coeur et d'esprits de la forêt, de cantiques célestes et de folk des
montagnes. Une merveille qu'on aimerait offrir à ses amis et ses
ennemis, à sa famille et à ses ex. (PP)


BON IVER For Emma, forever ago (4AD/Jagjaguwar)

NEIL LANDSTRUMM

LITHOPS

C'EST QUOI ? Lithops est le projet solo de Jan St Werner, connu comme
étant la moitié du duo de Cologne de Mouse on Mars et membre également
de Microstoria. Jan St Werner entremêle samples multipliés, guitare ou
synthétiseurs, qu'il éclabousse d'une gerbe lumineuse aux tons
multiples, qu'il accouple à un instantané bruitiste. La seconde
suivante une structure électronique souveraine, avant de nous entraîner
vers les atmosphères plus intimes et brumeuses MORCEAUX CLÉS ?
« Graf » des textures organiques rares autour de rythmes comme un
Autechre aquatique . « Handed » Danse bretonne jouée à l'envers sur
une structure électronique bizarre, « penrose ave » Matmos en plein
émoi noisy, en y laissant les contours rugueux, les tonalités
primaires. VERDICT ? Entre beat élastique et danse folklorique
numérique, grésillements pathologiques et ambient égratinnée, voilà un
disque mouvant et mutant. Au diapason de l'inspiration versatile de son
concepteur, on perd l'équilibre dans un parterre de basses sourdes
brouillées de tics sonores. Energie numérique et frissons d'une
sincérité musicale, un disque sans ronds de jambe qui demande un
engagement de l'auditeur

(rédigé pour TSUGI)

LITHOPS « Ye Viols! » (Thrill Jokey)

OF MONTRÉAL

Classé parmi les meilleurs, sinon les plus intrigants disques de
l'année écoulée, ce 9e album du groupe américain, basé à Athens, en
Georgie (si quelqu'un a connaissance d'un rock band de Montréal qui
s'appelle Of Athens, qu'il nous écrive), est paru dans une
demi-douzaine de versions différentes avec poster, t-shirt, lanterne en
papier ou décalcomanies. Le packaging lui-même de l'album se déploie
comme une plante carnivore, surgie d'une jungle psychédélique engorgée
de sang, une version végétale du Déluge de Noé dévorant corps, âmes et
rêves du paradis terrestre. Un plan éminemment barré, composé,
interprété, enregistré et mixé par Kevin Barnes à l'Apollinaire Rave
Studio d'Oslo, en Norvège, en compagnie de quelques proches, amis
musiciens et autres mécréants nubiles. L'ensemble tient autant de la
revue de cabaret que de la comédie musicale. Une sorte d'An 01 de la
glam party, où l'on fait de la confiture avec les fruits défendus. Et
c'est tout un pan de la culture pop qui nous dégringole sur la tête et
le dancefloor, de Queen aux Scissor Sisters, d'Elton John à
Prince. Skeletal Lamping est bien une monstruosité pop, une symphonie
mariant art lyrique et basses disco, funk psychédélique et choeurs
célestes, évoquant dans la luxuriance de ses arrangements et la pureté
de ses mélodies, une sorte d'aboutissement du genre, grandiloquent et
obsessionnel, à mi-chemin entre Animal Collective et MGMT. (PP)


OF MONTRÉAL Skeletal Lamping (La Baleine)

TIGERBASS

LUKE'S ANGER 'FUNK OF THE RURAL NEVERNESS' (TIGERBEATS/ TIGERBASS)
Aucun doute, Luke est très probablement tombé dans un bain d'acid quand
il était petit, comme en témoigne cet album. Amorcé il y a quelque mois
avec des maxis repérés sur le label Tigerbass, petit frangin voué au
dancefloor du Tigerbeats de Kid606, l'invasion de Sanger est en
marche.. La rythmique claque sur des distorsions issues d'une Roland TB
303, l'électro se répand sur disque dur home-ghetto , les gimmicks old
school à gogo se la racontent au croisement de la techno estampillée
Berlin et de la nu-skool brekbeat des lascars de Freestyler. Un
véritable ode au son qui fit les beaux jours du Summer Of Love et à la
festivité clubarde. Ce qui aurait assez facilement pu se transformer en
mauvaise farce indigeste… Au contraire. Car même si l'on se plait à
écouter cet album en pièces détachées, il se dégage de ces morceaux une
volonté ludique. L'exercice du séquençage est effectué ici sans
surcharge d'effet. Une version « light » appréciable, tant l'exercice
est coutumier actuellement.

TIGERBASS VOLUME 1
Un pré requis pour être signé sur Tigerbeat6.. Aimez la route. Toutes
les routes. Le sac sur le dos comme les guides du routard avec pour
mission d'enflammer les scènes sclérosées. Du punk-rock au hip-hop, de
la gabber à l'electronica, les artistes maison dépensent toute leur
énergie dans l'action.. S'il y a bien une chose certaine, c'est que Kid
606 a repris du poil de la bête. Car l'homme n'a rien perdu de sa
verve, de sa vivacité « compilatoire » et de sa manière si particulière
d'imaginer le dancefloor... Une règle d'or pour rentrer dans le crew
Tigerbass ? Pouvoir tenir le rythme de Tigerbeat et être increvable sur
un dancefloor techno. Cut-up vocals en cascade, bégaiement de basse sur
un pied 4/4, implosions acides qui vous rongent les poumons, Kid 606 et
ses jeunes chiens foux jouent à merveille aux freaks du ghetto-tech
acidbass. Attendez-vous à piquer de sacrées suées ! On ne s'étend
jamais ici en digressions stériles. On ne lambine pas en route et l'on
enchaîne à toute berzingue les exercices du cut and past. Les machines
de ces gredins (Bruce Stallion, Genuine Guy , dDamage, Alex Pasternak
ou encore Sickboy) libèrent des breaks furieux se jetant comme une
meute affamée sur les catalogues Planet Mu et Rising HighRecord,
déchiquetant jusqu'à  l'os le « Welcome to the future» d'Eskimos &
Egypt et saturant le white funk punkoïde d'une chape de pied techno.
Dépoussiérage d'oreilles et de jambes

FRANÇOIZ BREUT

La chanteuse est née dans la promiscuité des mots et des
chansons. L'illustratrice, fan des aventures oniriques de Little Nemo
et des peintures de Jérôme Bosch, affectionne le solo graphique. Trop
longtemps associée à Dominique A, Françoiz Breut s'identifie sur sa
page myspace entre surf, chanson italienne et happy hardcore, dans un
découpage d'influences nommant une recette de fondant au chocolat entre
Fifi Brindacier et les Electric Prunes. Entre style et enjeu, elle
démêle aujourd'hui les fils de sa création dans un jeu de connexions
franco-bruxelloises, de Luc Rambo à Boris Gronemberger, partenaires
musiciens, guitariste, batteur ou vibraphoniste aux noms de personnages
de fiction, entre bande dessinée et improbable film d'espionnage. Le
petit monde de Françoiz Breut conquiert ainsi les dimensions d'un vaste
univers, mariant l'intimité et les textes HD, le banjo et les guitares
électriques, les grandes orchestrations et les percussions de verre, et
trouve ses meilleurs définitions entre photoshop, Greenwich Village et
la banlieue de Nantes, entre Marie Laforêt, Jérôme Minière et
Calexico. Beau disque. (PP)


FRANÇOIZ BREUT À l'aveuglette (T-Rec)

DEERHUNTER / ATLAS SOUND

L'album est doublé d'un second CD, le Weird Era, une zone 51 de
sessions enregistrées en partie à Athens, dans un studio co-fondé par
un ancien membre de Sugar, le groupe de Bob Mould. Une sorte de fuzz
garage party, sonnant à mi-chemin entre des standards psychédéliques
Nuggets et une version shoegazing de Joy Division. Un plan étrange
évoquant une jam entre Brian Jonestown Massacre et les Black Angels.
Quant au premier CD, il donne de l'âme au décibel, recelant des sommets
d'émotion autour de chansons bancales et de refrains acides, conjuguant
grondement des guitares et fragilité de la voix, celle de Bradford Cox
en l'occurence, un jeune homme d'une maigreur irréelle, fan de Meredith
Monk et de Mark E. Smith, souffrant d'un désordre génétique du nom de
syndrome de Marfan. Ce disque a été enregistré à Brooklyn, au Rare Book
Room, un studio monté par un français, Nicolas Vernhes, exilé à New
York, et où enregistrèrent Enon, Fischerspooner, Silver Jews ou le
récent Telepathe, un duo parrainé par David Sitek. Et même si le groupe
noise rock expérimental d'Atlanta rappellera à certains les grandes
heures de House of Love (le raffiné Cover me) ou les figures libres
d'Anton Newcombe (la fuzz pop de Microcastle), l'atmosphère s'y révèle
plutôt new-yorkaise, élastifiant son écriture et ses formats de jams,
ses ballades et ses extensions bruitistes, entre le velvetien Little
Kids et une version acid-raunchy de Television (l'instru Nothing ever
happened). Un disque beau, schizo et majeur, dansant dans la tempête,
entrant en résonance avec les chansons expérimentales de Let the blind
lead those who can see but cannot feel d'Atlas Sound, l'album solo de
Bradford Cox pour les fans les plus assidus (et plus proche du
Cryptograms de Deerhunter paru en 2007), à recaler entre un remix pour
Grizzly Bear et un split CD avec Cole Alexander des Black Lips, une
sorte de jardin d'eden conjuguant névroses et métaphores, dream pop et
ambient électronique, souvenirs d'enfance et écho de chambre d'hôpital,
versets de la Bible et trésors d'harmonies. Un disque céleste et barré
évoquant du Spiritualized remixé par Daedelus... (Patrck Peiffer)


DEERHUNTER Microcastle
ATLAS SOUND Let the blind... (Kranky/4AD)

MOGWAI

L'un ou l'autre albums de sa discographie laisseraient entendre que
Mogwai est bien l'un des groupes fédérateurs du genre, à savoir un
post-rock instrumental et atmosphérique, lourd, majesteux et
mélancolique à souhait, s'autodéfinissant volontiers entre Cure et
Lightning Bolt tout en s'échinant à embrumer les esprits avec des
reprises de Black Sabbath, la BO du film sur Zidane ou quelques
productions de Steve Albini. Groupe écossais de dix ans d'âge, Mogwai
est un breuvage fort, à l'arôme persistant, charriant des parfums de
corps endormis et de terres brûlées, d'amours mortes et de relents de
gouffres. L'album qui accorde davantage d'espace aux claviers, tour à
tour classiques, sépulcraux ou plus enjoués sur le mode électro
(l'étonnant The sun smells too loud mariant ultraviolets et fluidité
pop), garde ce goût prononcé de la réalisation se jouant entre la
puissance de l'indie rock et le spleen ambient, en communion avec le
mental blues, le lyrisme pompier et les films documentaires sur le
réchauffement de la planète. Beau disque. 
(Patrick Peiffer)

MOGWAI The hawk is howling (Wall of Sound)

LEILA

La fée des claviers construit des passerelles harmoniques dans les
perspectives et les points de fuite d'une sorte de conte au format
scope, parcouru de turbulences oniriques et de fréquences électro, de
voix lyriques et de thèmes de music hall. À l'instar de ses albums
précédents, Blood, looms and blooms est un score étrange mélangeant
trip hop, résonances industrielles, ragga vénusien, musiques
classiques, vapeurs d'électronica, distortions pop, une reprise du
Norwegian Wood des Beatles et autres bruits d'eau. Collaboratrice de
Björk et de Plaid, elle cherche l'équilibre de ses mélodies entre chaud
et froid, entre mélomanie et installation sonore, en choisissant ses
featurings dans le brouhaha d'un vernissage, de Terry Hall ex-chanteur
des cultissimes Specials à Martina Topley Bird collaboratrice de
Tricky, de Andy Cox guitariste des Fine Young Cannibals à Roya Arab la
grande soeur, jusqu'au fidèle Luca Santucci, collaborateur chez Plaid
ou Liquid. Blood, looms and blooms est ainsi une sorte de comédie
musicale surgie de plumes d'oreiller, sonnant comme une version Bristol
d'Aphex Twin, mise en images par le designer mancunien Michael England,
fan de Lacan et de Giger. (Patrick Peiffer)


LEILA Blood, looms and blooms (Warp)

V.O.

Le pouls au ralenti, la voix en douceur, V.O. entame son album par une
étrange mixture entre Anne Clarck et Jeff Buckley. Mais il faut
attendre, car cet album se mérite un peu, exige une forme d'abandon
pour ensuite renouer avec des références increvables. C'est en
septembre 92 qu'a débarqué dans nos vies un drôle de premier
mini-album, impressionnant de maîtrise et poignant de désespoir. Avec
Down Colorful Hill et en six longs morceaux, Mark Kozelek
révolutionnait la mélancolie avec ses Red House Painters. Sautons les
années et retrouvons l'ombre de celui-ci chez V.O... On retrouve ici ce
rock neurasthénique, ce folk mélodique. Un spleen à corde (guitare ou
piano) rongé jusqu'à l'os, répétitif, un peu menaçant, où l'on entend
des guitares charbonneuses des arrangements de cordes et des chœurs
fantomatiques. De la lenteur .. les guitares égrainant des arpèges
lumineux qui soufflent sur un paysage enneigé.

V.O.« Obstacles » (Matamore)

FILASTINE

Nouvelle recrue pour le label Jarring Effects, Filastine n'en est
pourtant pas à son coup d'essai puisqu'il s'agit là de son second album
pour lequel le label lyonnais assure la sortie française. On avait
dernièrement retrouvé l'homme sur le label de kid606 Shockout.
Irrépressible global ghetto bass , la musique tourne à donner le
vertige sur les terres rouges du label Agriculture d'un certain Jace
Clayton aka Dj /Rupture qui avait déniché l'artiste et lui avait
proposé un album sur son label Soot Records . Filastine fait partie de
cette génération d'artistes électroniques sans œillère.. Le grand mix
entre le Zimbabwe et Brooklyn, entre Barcelone et le Caire, le tout
forgé par des convictions de métissages. Grey Filastine a fait ses
classes dans diverses formations, dont sa fanfare percussive Infernal
Noise Brigade, battucada noise des manifestations anti-g8. Sampling du
bled, flow hispanique, tempo ragga claquant et basses lourdes, il
malaxe les ambiances et les sonorités locales pour les intégrer dans un
monde grésillant, slamant ces photos musicales aux quatre vents..
Filastine aime frotter ses machines et ses beats complexes de maître
percussionniste à une diversité de langues (français, espagnol, arabe,
portugais...) et une combinaison imparable de dubstep carbonisé,
promettant des suées entre Fundamental, Kode9, Asian Dub Foundation et
Burial.. Disponible sur la plateforme indépendante Cd1d.com.

FILASTINE "Dirty Bomb" (Jarring Effects /cd1d)

AUS

"Le moins que l'on puisse dire c'est qu'on l'attendait ce cher David
Sylvian !" C'est peu dire que la ressemblance est étonnante pour ce
morceau d'accueil en compagnie de Sylvain Chauveau . Le sixième album
de Yasuhiko Fukuzono commence apr cette particularité avant de fondre
vers la collaboration de Tujiko Noriko et d'Aoki Takamasa. Les
mosaïques électroniques sont taillées avec finesse et exactitude. Les
angles sont arrondis et la charpente est aux normes d'une électronique
se faisant plus lisse pour un résultat plus proche d'Agf que des
premières productions de Tujiko. Rythmiques lunaires et bleeps
flottants, les mélodies évidentes se plient à la volonté d'y laisser
rentrer les voix ; précieux refuge intimiste pour une électronica se
voulant chaleureuse. Artiste rêveur, il démultiplie choeurs et
changements de ton en prenant le temps de faire évoluer ses
compositions en pop songs langoureuses et vaporeuses. Une combinaison
vers laquelle beaucoup (trop) d'artistes se sont orientés. Les
implosions aléatoires s'effacent peu à peu au profit de rythmique et
sonorités simples et évidentes, comme sur "Fake Five" où la batterie
down tempo (ninja tune) se fait beaucoup plus présente . Car voilà la
surprise, après un début d'album 100% électronique , les morceaux
suivants se voir,t agrémentéd d'une rythmique solide, d'une basse
ronde, de voix soul, procurant une chaleur inédite sur les terres
parfois gelées de l'électronique initiale. On pense alors à Lamb


AUS "After all" (Flaü)

SYNTHEME

POBORSK

Après quelques albums téléchargeables (Plastiqpassion) et son prométeur
mini-album sur le label Tsuku Boshi, Poborsk poursuivit chez sur Cactus
Island ses facéties digitales et réussi une synthèse entre le glitch
lamé, la low tech cryogénisée des références Artificial Intelligence et
parfois, les boursouflures fumantes du dubstep. Le temps de cet Ep sous
format download, le marseillais semble se laisser dériver vers les eaux
troubles d'une electronica ambient lézardé de sonorités industrielles
et métalliques, délaissant peu à peu une certaine nervosité breakbeat
qui nous avait valu auparavant des petits bijoux. Ici, les ballades
sont feutrées et aquatiques. Elles se succèdent sans heurts,
recueillant les affinités du côté d'Autechre (Amber), Black Dog et
Disrupt 

POBORSK « Alp » (cactus island)

ETHAN ROSE « Oaks »

Bruissement automnal, pépiements d'oiseaux, brise caressante, jeu de
pluie. Échafaudée autour de boucles entêtantes résonnant comme des
boîtes à musique d'enfant tournant lentement dans la vallée lointaine,
la musique d'Ethan Rose s'évapore comme la nostalgie passagère,
s'écoule dans les interstices d'une pierre polie par le souvenir. Des
notes en apesanteur. Un post-rock de bitume en errance entre matériaux
électroniques et notes scintillantes qui tombent au goutte-à-goutte.
Entre ivresse des steps et dégrisement sur une aire d'autoroute, entre
soleil au zenith et crachin hivernale d'une nuit « déjà tombée » ,
entre précision acoustique et brouillage du signal, la musique va et
vient au rythme de marées intérieures, s'orientant entre les
journaux intimes du premier album de Colleen et du « Paranoid Park »
de Gus Van Sant., dans lequel vous pouvez entendre des morceaux de son
premier album .

ETHAN ROSE « Oaks » (Baskaru)

STARTING TEETH

Starting Teeth c'est la rencontre de deux électroniciens, délocalisant
leur bric à brac électronique et s'envoyant en l'air entre
Atlantique et Pacifique dans les canaux immatériels du online.. Par ici
Childe Grangier, français, ayant signé sous le pseudo Hopen sur divers
labels et netlabels comme Plak, Arbouse ou encore Plex. De l'autre côté
Nathan Jonson, canadien et frère de Mathew Jonson, est plus connu sous
le pseudonyme Hrdvsion. Un album sans queue ni tête un capharnaüm
musical rempli d'humour et de collages qui saturent la toile . On se
laisse vite dépasser par leur boulimie par les pirouettes dangereuses
et les accès de folie dans lesquels on croise aussi bien Modeselektor
et Vicnet, Apparat et Mouse On Mars. Un manège de foire incontrôlable
qui tournerait à l'envers jusqu'à sortir de son axe, pour n ous faire
valdinguer dans le back catalogue de Mental Groove joué dans un Second
Life cut and punk.

STARTING TEETH «  I WON'T DO ANYTHING I CAN DO. » (CREAKED RECORDS)

GREG DAVIS & SEBASTIEN ROUX

Compositeurs et défricheurs sonores réputés, évoluant aux lisières de la drone-music, des field recordings, et plus largement des musiques concrètes actuelles, Greg Davis et Sébastien Roux étaient convainquants avec l'album "Paquet surprise"
Depuis cette première manifestation, les deux artistes sont en mouvence continue, en perpétuelle progression et recherche. Echafaudé tout au long d'une tournée commune en Europe et aux Etats-Unis en 2005 à partir de divers enregistrements live, Merveilles extrait la quintessence de toutes les extrapolations et expérimentations auxquelles ils ont su s'abandonner.
Spectre musical à la fois physique et délicat, échevelé et abstrait, ils triturent à chaque fois l'architecture, le relief et le rendu du son. Une musique de drônes cabossés, dansant dans les flammes d'un feux de camp pour aboutir à une forme absolument unique d'ambient moderne.

Greg Davis & Sébastien Roux "Merveilles" (Ahornfelder / A-Musik)
Site du label : www.ahornfelder.de