JOAKIM & JAUMET

Son premier album "Fantômes" revient régulièrement sur ma platine.
Joakim est pour moins boulimique, mais peu prolifique sous le format
album (3ème depuis 2003).. Entre son label Tigersushi, ses mixs et
remixs , il trouve cependant le temps d'enregistrer cet album
résolument dark disco. il apprend le piano des l'age de 6 ans avec le
Maitre Abdel Rahman El Bacha. Pendant son adolescence, il découvre le
rock indé puis s'immerge dans l'électronique via des labels comme Warp
ou Mo'Wax, au milieu des années 90. C'est presque par hasard qu'il
s'intéresse à la production, le jour où un camarade de lycée laisse un
synthétiseur dans sa chambre. Il découvre de nouvelles possibilités
sonores, et envoie ses démos à Gilb'r, patron de Versatile. Après
quelques mois de travail, le premier album de Joakim 'Tigersushi' sort
en 1999 sur la division Future Talk de Versatile, dédiée à des musiques
plus expérimentales. Un album ludique qui emprunte nombre de samples au
jazz modal des années 60.. Drone-krautrock flanqué des photos jaunies
de Neu, gabba punk raclé dans le fond d'un judebox griffé du logo Sunn
O ))), , électro pop à la structure scintillant comme un Can chantant
John Carpenter, il semble avoir tout intégré et communique ses
influences au groupe The Disco, l'accompagnant depuis la tournée de
Monsters & Silly Songs. Un beau résultat collectif. Après des études de
saxophone au conservatoire, sa carrière artistique débute en 1991 à
Paris avec un premier groupe mêlant chanson et rock français.. Depuis
il multiplie les collaborations : ZOMBIE, KORG MS ORCHESTRA , MARRIED
MONK, COSMO VITELLI, , HERMAN DUNE, HEADPHONE,… Aujourd'hui premier
disque solo du Français Étienne Jaumet, pour Versatile également .. Il
est vrai que nous n'avions plus beaucoup de nouvelles. Composition tout
en nuance, pour une approche viscéralement contemplative,
l'électronique d'Etienne mixe de l'ambient et de la musique cosmic
héritière du psychédélisme français et allemand des années 70. Une
mixture aquatique qui obtient le soutient d"un parrain de plus
influent. En effet, Etienne peut se vanter d'avoir comme protagoniste
au mix de son album Carl Craig. Deux initiatives heureuses de Gilb'r,
pilier de la scène française.

Etienne Jaumet, Night Music (Versatile / Module)
Joakim, Milky Ways (Versatile / Module)

SKINNERBOX

C'est un peu comme une ballade en poney dans une campagne recolorisée
après une soirée arrosée "à la beer". Mélange d'audace et
d'inconsistance, de "je m'en foutisme" bienvenue et de superficialité
déconcertante, Skinnerbox pourrait être un espion de Wevie Stonder
infiltré dans la scène Skweee. Une bande-son désinvolte pour vacanciers
tombés sur une drôle de destination.. . Ces drôles d'allemand font une
sorte de cabaret saugrenu fanfaronnant des mélodies funky pour
cavaliers allumés.. Electronica burlesque de Mouse on Mars, breakbeat
pour freak cowboys de Finlande , électro-bleep téléphonée par Randy
Barracuda.. Tout un programme, à suivre !

SKINNERBOX "King of spades and marmaledes" (Doxa)

ANDREA  BELFI & MACHINEFABRIEK 

Duo pour cette belle série au packaging soigné . Extrapool (lieu
alternatif de Nijmegen) et Frans de Waard proposent des rencontres
entre musiciens, et leur donnent la possibilité de travailler en
studio. Une quinzième référence pour laquelle Andrea Belfi et Rutger
Zuydervelt (Machinefabriek) ont soigneusement mixé leurs univers.
Percussions et l'électroacoustique pour le premier. Effets et jeux de
matières pour le second. Le résultat est tableau ultra soigné
d'abstractions électroniques. Musique fragile, brumeux mais chaud des
sonorités acoustiques. Belfi à la batterie et petites percussions et
Zuydervelt à la guitare et l'orgue, le duo part à la rencontre de
Kapital Band, Nemeth ou September Collective.


ANDREA  BELFI & MACHINEFABRIEK  'Pulses and places' (KORM PLASTICS
/Metamkine)

Sébastien Roux & Sogar

La facilité pourrait rapidement nous cataloguer Sebastien Roux et Sogar comme des « ingénieurs » de Max/MSP, priorisant la technicité et la programmation à l'émotion et la narration. Mais voilà, les deux musiciens sont avant tout un compteur d'histoire, dans leurs projets solo ou ici pour cette première collaboration. Inventant une pop folk au bord du précipice, extrapolant la musique contemporaine ou acousmatique dans les univers d'Oval ou de Microstoria, chaque morceau présente une nouvelle facette d'un travail fait de rencontre et d'essais individuels ... Nappes traitées, bruits naturels du vent ou de la rue, froissement de harpe ou mélodie de guitare bucolique, la musique fait grand bruit ou écoute le monde qui tourne. Des désirs par bourrasques mêlés à des sons synthétiques microscopiques, ils laissent la musique se transformer en une œuvre protéiforme et sauvage, calme et scintillante. L'espace et le silence. On se laisse totalement happer par ces mécanismes sonores aux courbes métalliques ou d'ébène. Sons polis cristallins, microsounds brouillés et répétés, les ondes sonores résonnent comme l'écho de notre quotidien. Les artistes développent, intensifient . Des nanosystèmes hérissés de nos vies urbaines.. et pourtant les parfums ont un petit goût des sous-bois.

Sébastien Roux & Sogar "Rücksitz" (Tsuku Boshi)