BON IVER

On aura tout dit ou presque sur le bon omme. Justin Vernon, largué par
sa copine, s'installe pour trois mois dans le relais de chasse
appartenant à son père, dans les forêts du nord du Wisconsin, sous la
neige, coupé du reste du monde. Il y compose une dizaine de chansons
dédiées à son chagrin d'amour et à sa solitude par moins 15, réunies en
un album mis en ligne sur le net. For Emma, forever ago, l'album, est
distribué par l'indé Jagjaguwar (label de Okkervil River et des Besnard
Lakes) et le folkeux à bonnet est promu falsetto de Noël. Avec un
pseudo de carte de voeux pailletée, où il poserait en compagnie d'un
bonhomme de neige grimaçant, Justin Bon Iver Vernon a le sourire et la
barbe figés par le givre. On pense à du Loney, Dear ou à des chants
grégoriens pris dans les glaces, parfois à du McCartney version neige
fondue, voire à du Stephen King dans lequel des scouts sont élevés par
des loups. Une sorte d'ivresse des grands froids, mélange de peine de
coeur et d'esprits de la forêt, de cantiques célestes et de folk des
montagnes. Une merveille qu'on aimerait offrir à ses amis et ses
ennemis, à sa famille et à ses ex. (PP)


BON IVER For Emma, forever ago (4AD/Jagjaguwar)