ANAEROBIC ROBOTS

Synthétiseurs à gratter, booty dance égratignée, hit-parade loufoque et petit bain noise, les Anaerobic Robots hystérisent les plateaux underground. De Berlin à Hambourg, le hip-hop empoisonné de Mark Boobastik (human beatbox), Jake Basker (MC) et Felix Kubin est un puissant remède contre la mollesse et la mélancolie. Stompin'beat, dirty grimecore ou eurocrunk pour carnage, « S/t » est un monstre bâtard carbonisant sur le bûché de la dépravation chimique Max Turner, Puppetmastaz, TTC, Patric Catani,.. Suées poisseuses pour robots sous psychotropes, les trois compères sont les héros d’un Las Vegas Parano ripé dans les décors du Mars Attack de Tim Burton. Une Acide Planète, où « angels with beards » et « stinky robots » s’accoquinent à un parterre de b-boys en goguette

ANAEROBIC ROBOTS « S/t » (Gagarin Records / Mange disque / chica-chic)

MAZK « In real Time » (Ytterbium)

Onze minutes. Il faut onze minutes à Masami Akita (Merzbow) et Zbigniew Karkowski pour en arriver au point de saccage. Saccage du petit confort dominicale, des petites assurances d’une musique électronique à manuel mais sans âme. On débarque en pleine brume épaisse et opaque, un brouillard qui pourrait bien nous foutre la pétoche lorsque l’on connaît les deux protagonistes vivant au Japon. Les essuie-glace fatigués cuinnent comme pour annoncer le déluge. La bourrasque ! Il pleut une pluie sale, lourde et poisseuse, noire de parasites et de sonorités traitées à l’éther. Les murs se fissurent sous la pression des remous asthmatiques, le sol s’envase dans un vrombissement sonore raide comme un I. Puis un espace vierge , où l’on découvre la solitude nocturne, les embruns de la mer du Nord, les démangeaisons rongeant comme autant d’érosions. Derrière l’inexorable écoulement du sable, du temps et des crépitements sonores, c’est l’usure corporelle et morale, les phases euphoriques accompagnées de consternations violentes.. « In real Time » vous malaxe, vous entame, vous purifie. Un décrassage sonore comme une rafale de vent en pleine tempête de sable. La chanson traditionnelle de la dernière minute, vous annonce que vous êtes repartis pour un tour.. Physique !

QUINTRON & MISS PUSSYCAT

QUINTRON & MISS PUSSYCAT « Swamp Tech » (Rhimestone Records)

Le boss de Tigerbeat6 est tout chien-fou devant Quintron et Miss Pussycat. Avec eux, on ne tente pas un cross-over de l’impossible, on est simplement inventif, déluré, et irrésistiblement dans la veine d’un garage band pur sang. Dans un joyeux bric-à-brac de sueur et de skaï usé, de veste cintrée et de cocktails affreux-disiaque, la fougue freak et le panache rock s’entrechoquent dans les influences radicales punk et l’efficacité scénique. Quintron et la Miss n’inventent pas un nouveau style, ni un adage musicale bancale, mais font tout simplement une musique qui a des couilles et des déhanchés, de l’histoire et de l’énergie à revendre. Derrière son orge customisé en vielle bagnole américaine, accompagné de sa Drum Buddy (boîte à rythme initiée au tcha-tcha-tcha), Quintron joue à merveille son rôle d’organiste félin rodant dans les tanières de John Spencer, des Cramps, de Bowie et de Jimmy Tenor. Le tout entre paroisses de la Nouvelle Orléan et nightclubs. Devant, maracas au poing, Miss Pussycat chante, braille, bastonne avec ses nasty marionnettes. Un garage band foutraque et jouissif idéal contre la sclérose des cerveaux bloqués sur la mode de revival. Un disque qui fera passer toutes les starlettes électro-guitare actuelles pour de vieilles rombières du brushing-culture middle class.

DROP THE LIME « THIS MEANS FOREVER » (Tigerbeat6 )

Drop The Lime nous promet du sang, du vin, des chips et du breakbeat fris. Un festin ? Une orgie culinaire ! Jeune américain, paré de son tablier à l’effigie des labels Tigerbeat6 et Broklyn Beats, Drop The Lime déboule avec son attirail de fin limier. Découpant samples et loops sur le coin de son plan de travail, arrosant de citron l’intégrale drill’n’bass, pimentant sa drum’n’bass de sonorités acid, il incise un demi-centimètre au dessus de l’arête centrale avec la pointe du couteau et tord le cou au artifice d’un breakcore fast food. Car Drop The Lime compte bien avoir des étoiles. Jeune chien fou, à la fois Kid 606 et Jamie Liddel, punko-crooner biberonné au catalogue Virus et aux breakbeats parfumés à la bière, il n’offre pas un album « de plus » mais une carte alternative qui redonne le goût au chose et le sourire.. Une carte ludique que l’on devrait imposer à nombreux apprentis drum’n’bass et breakcore.

AUDIOPIXEL

Bâti comme une chambrette au milieu de nulle part, avec de la paille dans les chansons et des paillettes en guise d’étoiles, avec des électrons digitaux fumés au feu de bois et des passages pop crépitant à la lueur du crépuscule, voilà « Memento Rumori », premier mini-album d'Audiopixel. Un disque au charme étrange, sonnant comme une musique "de laptop sans laptop". Regorgeant d'effets numériques, d'interférence, la musique d’Audiopixel joue à l’équilibriste sur le fil d’Ariane, plonge les bruissements de l’électronica de Mego pour s’envoler rapidement vers des mélodies évanescentes d’un apprentissage classique. Jeux de cordes et atmosphères rugueuses, voix féminine entre chant et murmure, un piano, une ou deux guitares, quelques pédales d’effets, « Menmento » s’évapore dans des phrases mélodiques rappelant Fennez, Smog, Codeine et Braille. Une musique simple et authentique dépouillée de ses accessoires de pacotille, pour un disque que l’on sait pour longtemps sur la platine.

AUDIOPIXEL « MEMENTO RUMORI » (Effervescence / La Baleine)

MAZK

Onze minutes. Il faut onze minutes à Masami Akita (Merzbow) et Zbigniew Karkowski pour en arriver au point de saccage. Saccage du petit confort dominicale, des petites assurances d’une musique électronique à manuel mais sans âme. On débarque en pleine brume épaisse et opaque, un brouillard qui pourrait bien nous foutre la pétoche lorsque l’on connaît les deux protagonistes vivant au Japon. Les essuie-glace fatigués cuinnent comme pour annoncer le déluge. La bourrasque ! Il pleut une pluie sale, lourde et poisseuse, noire de parasites et de sonorités traitées à l’éther. Les murs se fissurent sous la pression des remous asthmatiques, le sol s’envase dans un vrombissement sonore raide comme un I. Puis un espace vierge , où l’on découvre la solitude nocturne, les embruns de la mer du Nord, les démangeaisons rongeant comme autant d’érosions. Derrière l’inexorable écoulement du sable, du temps et des crépitements sonores, c’est l’usure corporelle et morale, les phases euphoriques accompagnées de consternations violentes.. « In real Time » vous malaxe, vous entame, vous purifie. Un décrassage sonore comme une rafale de vent en pleine tempête de sable. La chanson traditionnelle de la dernière minute, vous annonce que vous êtes repartis pour un tour.. Physique !

MAZK « In real Time » (Ytterbium)

SPLIT SINGLE ACHE RECORDS

SIGHTINGS / HRVATSKI « SPLIT DIV /ORCE SERIES » (Ache)
Troisième référence pour l’impeccable série Div/orce, split single en format 45 tours. Après Fourtet et Matmos, voilà donc le tour de Keith Hrvatski, accompagné du groupe free rock noise new-yorkais Sightings. Repéré, il y a quelques années sur Planet Mu, Hrvastki est ici au sommet de son art. « Une drôle de journée » est à lui seul un concentré de toute la diversité de la musique actuelle et des références de son auteur. Breakbeat grésillant, jeu de batterie bancal , petit interlude de noisy electronica et mélodie pop ensoleillée, Hrvastski enjambe les styles et les méthodes avec une facilité déconcertante. Un coup de pied dans la passivité actuelle. Face B, Sightings couine dans des enceintes tachées du sang de gladiateur hardcore. Gaulé comme une reprise de Sonic Youth par Fantômas, « Back to back » éclabousse de sa noirceur jusqu’au frisson qui vous court le long de l’échine.

FROG POCKET

FROG POCKET
« GONGLOT » (Planet Mu / La Baleine)
Derrière Frog Pocket se dissimule John Charles Wilson de Ayr (à l’Ouest de Scotland). Prolifique musicien depuis 1996 de la scène « scottish », responsable d’albums sur les labels Afe (Cd-r) et Benbecula, et d’un premier 45 tours pour Planet-Mu (« Fir Faas » en 2003), John consolide son univers avec ce premier album pour la structure de Mike Paradinas. Regroupant des compositions de 1999 à aujourd’hui, nous voilà projeté dans un parterre de lucioles où s’égrainent influences électronica, indie-pop, classique, folklorique et IDM. Cinématographique et fantomatique, aride et naturel, Frog Pocket ne connaît pas les routes droites et directes ; préfèrant les chemins de foret la nuit. Quitte à perdre des auditeurs en chemin.. Mélodies aux violons flirtant parfois la surcharge mélancolique, beats déstructurés envahis d’envie de grosse artillerie Snares, thèmes électroniques s’évaporant dans les dissonances shoegazing, il joue à l’équilibriste entre Dead Can Dance, Mu-ziq, Lexaunculpt, Afx et Capitol K. Un terrain de jeux construit sur les samples jaunis, qui, selon le jour, émeut ou laisse de marbre.
(Laurent Guérel)

KOMORI



Komori est un musicien aérien, oscillant entre discrétion et indécision, entre mélodie évaporée et breakbeat énergique. Pour son premier album sur la structure Modulo (label monté par K-OZ et de Laurent Hô), il décolle dans l’allégresse d’un petit cache-cache braindance. Car le jeune homme est joueur. Faisant partie de cette scène française qui a appris à lire en écoutant les premiers Aphex, il survole les clochetons dorés du catalogue Rephlex, il enfourche les rythmiques étendards d’Ovuca, il vacille sur des démangeaisons 8bit avant de se montrer tout à son aise dans la conception de mélodie entêtante. Alerte, enjoué, « Ramen Girl » est un album multiple où l’on devine Komori dans sa bulle. Résolument organique, loin du tapage nocturne, il ne cherche pas ici à descendre sur le dancefloor avec des ritournelles démoniaques mais préfère se laisser bercer par un ballet de spirales vacantes. Samplant Dead Can Dance ou s’inspirant de Dino Felipe, il s’efface peu à peu au point qu’on pourrait presque l’oublier.. Alors sa musique le révèle. Son tempérament lunaire, ses échappatoires secrets, à l’image du très beau morceau fermant l’album..

« Ramen Girl » (Modulo)

FUNKSTORUNG

Mickael Fakesch et Chris de Luca célèbrent leur 10ème anniversaire en stickant des smileys sur leurs machines et sur leurs ordinateurs revenus au centre de leur production le temps des festivités acides. Acid à gratter, hit-parade 90’ poilu du torse, cut/off guérilla sentant la sueur des nuits sans lune, ils hystérisent l’olympiade d’un revival où l’on attend plus que le retour des terroristes d’Altern 8. Dans un jeu de destructurations incendiaires, d’électronica empoisonnée, de suées poisseuses, les deux compères reprennent d’anciennes compositions laissées dans les cartons ou rajeunissent leurs premiers morceaux parrus sur le label Acid Planet, sous label de Bunker Records lancé en 94 pour les tracks expérimentales de la scène industriel de la Hague... Puisant dans leurs expériences de fins limiers electronica, ils enchaînent mélodies disjonctées, electronica transgénique et bassline scratchée dans une sulfureuse équation mal-léchée. L’ordinateur jubile, la 303 brûle ses composants. Impeccable suite à l’album de Luke Vibert sur Planet Mu, pour continuer la fête jusqu’au matin
FUNKSTORUNG present « THE RETURN TO THE ACID PLANET » (K7 / PIAS)

SUBJEX

Le jeune Subjex déboule avec un nouveau maxi survitaminé, laissant dans les starting-blocks tous les Donovan Bailey de la mélodie bricolée. Sur ressort le lillois ! « Supersonic Mezze » présente en quatre titres les délires lubriques de son géniteur repéré par Mike Paradinas (un 45t sur Planet Mu) et par les cramoisies de Miami (un maxi prévu sur le label Somia.). Ce maxi est un terrain piégé de jeux complexes où les références à Janson Forest et Otto Von Schirach tombent sur un beat électro pur dancefloor, une rythmique jungle, un break dub gonflé d’acide 90’ ou un entêtant 8bit. Car voilà la force de Subjex ; contrairement à beaucoup de productions sombres et malades, il propose une version ludique et festive du breakbeat déchiqueté. Une belle réussite « Electrofunkytechnodrill'n bass » (dixit son site internet) où s’entrechoque Doormouse et Paraone, Teamtendo et Modeselektor, Ovuca et Jake Mandell …


SUBJEX« Supersonic Mezze » (IN Vitro)

VEX’D’

Vex'd, c’est deux londoniens : Jamie et Roly. Deux b-boy ayant usé leur pantalons sur les mêmes bancs du collège de Bristol et responsables des deux premières références du label Subtext : 'Pop Pop' et 'Lion'. Suffisant pour Mike Paradinas ? Et bien oui et à l’écoute de ce double album cela se comprend. Handclaps caverneux, basses de gusto–psycho, écho de radar , la grime de ces deux chérubins se pare de ses couleurs les plus sombres, carbonisant Dizzee Rascal sur un bûché confectionné avec les patriotes de The Bug. Car le duo préfère les méandres originelles de Virus, les sonorités métalliques des productions de Moving Shadow et le souffre de la fratrie Techno Animal, aux paillettes d’un grime version edit. Restant sous la ligne de flottaison, « Degenerate » souille les dancefloors, enfume les feutrines. Rythmiques lourdes et effets sonores d’un loosely dubstep , les douze compositions déversent leurs surplus graisseux, comme autant de rouleaux denses d’une marée noire abandonnant sur la plage emprunts breakbeat, hardcore, gabber et 2 step et références à un tracklisting redoutable regroupant Photek, Technical itch , Gunshot et Fever .. Un futur classique

VEX’D’ « Degenerate » (Planet mu / LA Baleine)




MATHIAS SCHWEIZER

Voilà donc l’univers singulier de Mathias. Membre de la communauté Rolax basée à Paris (où l’on retrouve notamment Komori et Leonard de Leonard ), Mathias construit une musique mixant ses références warpiennes et son engouement pour les habillages sonores de grands projets multimédia. A l’image de ce livre disque objet, « Tuning » ressemblant aux livres pour enfant où la musique accompagne l’image. Campagne bucolique ou aire de repos d’autoroute, Mathias et son compagnon Jean-Marc Ballée à l’image , nous invite pour un road-movie dans la banlieue de Chaumont. Un voyage durant lequel on croise au coin d’une rue l’univers du duo Gangpol und Mit. Les environs de la ville se relayent dans l’exploration d’une géométrie minimale. Le duo construit un labyrinthe confectionné d’accidents sonores, de groove bleepien et de décor réinventé en sucre. Dans ces méandres d’une architecture sablée et ces mélodies inspirées de la vie quotidienne d’un quartier pavillonnaire, on imagine les habitants fantômes se levant sur « Tim & Bear » ou se recueillant sur « Bells ». A noter la présence d’un 45 tours proposant deux remixs de Komori et un de Toyz R me

« TUNING » (Rolax / Discograph)

VENETIAN SNARES

D’un coup d’aile, Venetian Snares passe d’un maxi bruitiste et nerveux loin d’être convainquant à une orchestration classique pour prestation en queue de pie. Pour « ROSSZ CSILLAG ALATT SZÜLETTET » , Aaron porte le costume bien coupé, s’attache la tignasse et compose la musique d’un ballet aérien pour pigeons. Breakbeat nerveux et sample d’orchestres slaves, Aaron trouve le juste équilibre entre énergie sur le fil et romantisme désuet ; prêt à exploser dans les plumes de l’oiseau de misère.. A l’image de ce piaf, Venetian charme et gratte dans le cou, décline une parade amoureuse avant d’entamer la danse du « crépuscule des microbes ».. Perpétuelle tension pour escapade au Champ de Mars, on retrouve les tourbillons rythmiques de l’intéressé et les couleurs pastels de In The Nursery. Sans doute l’un des ses meilleurs disques depuis « Songs for my cat »
« ROSSZ CSILLAG ALATT SZÜLETTET » (Planet Mu / LA baleine)

Single Juin

DISFLEX.6 « Robot dreams » (Sunset Leagues International / Chcia-chic)
« Robot dreams » devait sortir originalement sur le label anglais Lex. Lazerus Jackson et Jason The Argonaut ont visiblement préféré ne pas attendre et promettent un « Robot dreams » claquant comme un outsider’Ep représentant la richesse de la cour des activistes californiens. Sombre et fumeux, poussiéreux et couleur de terre battue, sur « Bom the Factory », « Dream Sequence » ou encore « Push », le crew troque le micro pour de vieux scaphandres sortis de l’imagerie de Jules Verne. Passé cette mise en espace, les sonorités composent une complainte douce et envoûtante, montrant peu à peu la richesse de cet album entre structures rythmiques profondes et flows exigeants. Disflex.6 se dévoile et s’impose aux côtés de Boom Bip, Sage Francis et Sixtoo.


SHIMAT « The lesser Stopped Burberry EP » (Planet Mu / La Baleine)
Ça suinte l’huile de vidange et le gabba kicks. Shimat, énergumène pinté du soir au matin, caracole sur le drum floor les mains encore pleines de pétrole et de houblon. « Face Off » fait l’effet d’un rouleau compresseur, explosant tout sur son passage avec un certain don pour l’accroche ludique et l’efficacité sans compromis. On ratiboise et on recommence avec la hargne de Hellfish, la bougeote de Kid606 et la manie du sampling addict de Mr Donna Summer. Un impeccable mix du style drum’ de Planet-Mu , entre arrogances hardcore, cordes raides acid et breaks de vénères.

JAMIE LIDELL « When I come back around » (Warp)
Nu sur une licorne.. Imaginez vous ! Et bien c’est sans doute l’un des fantasmes inavoués de Jamie Lidell. Cheveux au vent et crinière pourpre, loin des robots de tôle d’un premier album à l’expérimentation débordante de fantômes gris, Jamie chevauche rythmes funky et beatbox de démon dans les jardins de Paisley Park. Voix soul et effets de cutup band, il se révèle en Prince 2005 dans un hommage dandy à « Sexy Dancer » ou « I feel for you » sorti initialement en 1979. Maxi d’amorce annonçant un revival de la funkytude ? Sacré ce Lidell !

AESOP ROCK « FAST CARS » (DEFINITIVE JUX)
Blockhead et Aesop Rock se trimbalent dans leur dragster de carton avec pour passager Dj Big Wiz… Une virée de potes entre clubbing de papier gras de Brooklyn et orgue de pistons. Un scénario impeccable pour dessiner les prochaines planches de Bazooka Tooth, super-hero du bitume et du cynisme. « Fast Cars » et « Number nine » ricochent dans le flot des caniveaux, étincellent sur les plaques d’égouts dans une combinaison sonore impeccable.

DESDEMONA DIED « A tale told by wonder » (Waniumonk Records / Chica-chic)
Etrange spoken world aux ourlets new-wave, Desdemona Died veut nous envoûter avec sa magie noire s’inspirant de Meira Asher, se voilant dans le grand manteau de feuilles de Miranda.. Loops hiphop ou collages sonores, les ambiances sont imparablement arrimées dans le dédale des années électro gothique. « A tale told by wonder » trouve un écho dans la discographie de Cranes, le phrasé enfonce le clou du côté d’Anne Clark.

ISO BROWN « Motoide » (Le stupide disque)
Première référence pour Le Stupide Disque, micro structure strasbourgeoise formatée en 45 tours. Breakbeat sautillant et mélodies dilatées, Iso Brown se fait ami-ami avec les dauphins et Otto Von Schirach. Le temps de « Motoide », grand bleu surfant sur une électronica élastique, Iso fragmente les grésillements quotidiens dans une fascinante chorégraphie imaginaire pour sirènes mélancoliques. Un voyage en cabine de décompression avant d’écouter « Mr le Directeur » et « Psy mais gentil » , turbulentes tracks où les sonorités fusent, traversant la pièce à la vitesse de la lumière avant de s’écraser sur la piste de l’inquiétant cirque Schematic ayant pour Maître de cérémonie Mr Otto.

THE EMPEROR MACHINE « Vertical Tones & Horizontal Noise »
(DC Recordings / La Baleine)
Double maxi pour le prolifique Andy Meecham, que l’on retrouvait déjà derrière Chicken Lips et le gang de ravers de Bizzarre Inc. Instruments vintage, production estampillée 70s, Andy s’amuse avec les artifices et la naïveté de l’époque. Sonorités d’un espace confiné dans les effets analogiques d’un synthé de bois, références dubby disco et bass new wave, influences des années sci-fi film ou structures krautrock, pas de place ici pour les laptops mais un véritable band prêt pour une jam progessive (avec Markus Kienz de Klein Records). Avec pour ambition, retrouver la planète CAN..

DOORMOUSE « Xylophone Jism… » (Cock Rock Disco / Chronowax)
Le break en riant.. Quant Venetian joue au furax, Doormouse met son nez rouge. Quand Otto revêt son costume de mutant electrocore, Doormouse retrouve ses apparats de cowboy et part en vadrouille pour vider les bars locaux. Debout sur le zing, il amuse la galerie (Donna Summer en tête) avec xylophone, breakcore, drum poli aux papiers de verre et trompette de clown mécanique. C’est la grande foire du sampling fou, la braderie des larcins démoniaques, la jam de l’improbable… Doormouse, un peu le Brice de Nice du breakbeat transposé dans un western imaginé par Tim Burton et accompagné par Scoubidou.

ADD NOISE « SURFACE NOISE » (Earsugar Beatbox / Chronowax)
Le duo ADD NOISE s’incruste entre deux sillons des références d’I Cube, redessine les contours des productions de Carl Craig, et enrobe de fumée dub une cérémonie en hommage au Cologne style. Effet aquatique pour house minimale aérienne, cette première référence d’une série pour dancefloor expérimental, « Surface Noise » est la parfaite ritournelle de fin d’after estivale, l’hymne de terrasse tardive en bord de seine. « Free your mind and your ass will follow » trouvons stické sur le site internet. Pourquoi pas mais l’idée et la méthode ne sont pas d’aujourd’hui. Bien goupillé mais rien de révolutionnaire donc…

M.E.D « Push » (Stones Throw Records)
Invités de marque avec MF Doom sur le dernier Quasimoto (intitulé "The Further Adventures of Lord Quas"), M.E.D et J. Dilla articulent leur flow sur une basse rampante et sombre. « Push », ambiance cérébrale et glaçante / « Can t hold on » loop ensoleillé pour un classique de street corner.. A vous de choisir.

V.A. « Now 02 » (Underscan / Chronowax)
Ça commence toujours sur le quai d’une gare ou dans une salle d’attente d’aéroport. Aube bleue, flot d’hommes ou désert mécanique, escalators et leur cargaison de travailleurs ou ascenseurs de fantômes, Robin Rimbaud, alias Scanner, ouvre le second volume de la compilation avec « Interreum », installation sonore effectuée à Leipzig dans… un train. On s’attarde plus longuement sur les trois artistes suivants : Onethema, Quench et Rod. Onethema, proche des lillois de Bedroom research, propose un hip hop instrumental et planant proche des productions de Skam. Les deux frangins néerlandais de Quench, que l’on avait repéré sur la compilation Music aus Strom, proposent un univers stylé et mélancolique, multipliant les effets et les jeux de matières, les ambiances feutrées et les mélodies subtiles. Enfin Rob, après une introduction sombre et rampante, attaque avec une rythmique efficace et ronde avant d’envahir la piste d’une pluie de riffs de guitare travaillée au corps et à la tronçonneuse.

V.A. « Polymorphik Piece 2/3 » (Puzzling / Chica-chic)
Surgissant des tréfonds de l'âme underground belge, les Somatic Responses refont parler d’eux en apparaissant en face B du second volume de la compile Puzzling. Grands frères de cette scène ruminant désillusions et amertumes, Somatic conjugue résonance lourde et beat vrillé, basse malade et crépitements indus. Un trou noir (ou un marécage, au choix) à lui tout seul ce morceau !! La jeunesse locale, accompagnant le duo sur cette face, mixe également les ambiances pesantes et les eaux saumâtres à l’image de Shore et Dev Null. Surexposés au rayon X, Kirdec et Kaebin Yield préfèrent perforer le blindage des bunkers Zark et Praxis. Il faudra se jeter sur la Face A pour respirer avec Mad ep et Exillon, parfaite introduction dark électronica, avant d’attaquer la drill ludique et carbonisée de LFO Demon, Cdatakill et A.L.F

AGENTS XI « Altarima » (Génie ou rien)
On avait découvert Agents XI avec « Monstre Jaune ». Bluz et Jemsee reviennent avec un essai préhistorique en cinq tracks où la musique joue de faire valoir au discours « de la parole rupestre ». Le beat hiphop s’efface devant un spoken world des ténèbres, les sonorités électroniques tribales construisent la trame d’une réponse possible aux questions existentielles. Torturés et opaques, les Agents XI ? Sans doute, mais surtout curieux et véridiques.

EWUN « Face Off » (Barcode)
MANIFEST « Raw & Real » (Renegade Hardware)
Ewun a la rage aux dents et la basse tenace. Fini les revendication happy et le smile au coin du break, nous voilà reparti dans les contrées sombres d’une drum de fin de nuit, hargneuse et bad trip.. OK, on ne va pas regretter les samples ensoleillés mais si on pouvait cesser de tourner en rond côté loop ! Ce que semble vouloir Manifest. On retrouve naturellement toutes les ficelles vibrantes du style Renegade mais Manifest s’empresse de les diversifier par des samples originaux, des références hip hop, des dérapages vers les sonorités sous pression et une production non conforme ..

C-RAYZ WALZ « R’THENTIC / STREET REPPIN » (DEFINITIVE JUX)
Sortie du nouvel album de l'ancien membre de Subverse Music, signé chez Definitive Jux, C Rayz Walz s’entoure des compagnons de label dans un échange de bon procédé (Vordul Mega de Cannibal Ox, Aesop Rock, Rob Sonic from Sonic Sum, El-P ou encore M-1 de Dead Prez) et annonce la couleur avec un premier maxi sonnant comme un rappel de la vibe originale…

WHITE STRIPE « Blue Orchild » (XL Recordings)
Ils l’ont bien cherché !!! A peine sorti , « Blue Orchild » se trimballe en version bootlegs un peu partout sur le net (notamment avec Prodigy « Voodoo people » et Kraftwerks « Antenna »). Transpirant les années d’or du rock chevelu d’AC/DC, racolant dans les parterres de clubbers mystifiés par 2ManyDjs, «Blue Orchild » a tout pour être un tube FM et de club. OK ! En espérant que la prochaine hype vestimentaire ne soit pas de se trimballer en culotte courte d’écolier …

GANGPOL UND MIT

GANGPOL UND MIT
Gangpol est un glouton.. Digérant ses épanchements pop, gérant son feeling bric-à-brac, le tout sur la trame d'une électronica étoilée de relents breakbeats, ce jeune musicien se transforme en compteur musical. En provenance de son studio, environnement molletonné et scintillant des dorures d’un monde féerique, on rencontre d’étranges bestioles aux paternités multiples. Pizzicato Five, Mouse on Mars, Original Hamster.. On a déjà vu pire et beaucoup moins récréatif. Gangpol titille la fibre nostalgique et nos désirs de nouveauté. Sa musique nous accroche sur sa typographique scintillante aux contours ambient et nous convint par l'oisiveté enivrante de ses jolies mélodies 8bit. « Tournent en rond », le temps d’une danse bucolique d’une fête champêtre.. Sans aucun doute !
« TOURNENT EN ROND » (WWILKO / MANGE DISQUE)