LAUTER

Vagabondant entre bayou et frontière rhénane, Boris Lauter Kohlmayer se
nourrit d'histoires, de sentiments et d'images au sens équivoque. Celle
de son nouveau disque assume un drôle de côté "strange fruit", entre
l'accident d'autocar en Forêt Noire, le jogger narcoleptique et le fêlé
écolo en stage druidique. La terre est mouillée, la peau est glacée. Le
blues résonne dans les os, le psychédélisme donne le vertige, le folk
picking entaille la peau des doigts, le slowcore colle à la boue et les
accords du banjo chassent l'obscurité, au coeur d'un double album,
dense comme un sous-bois, peuplé d'hommes sauvages et d'animaux de
fables. Age of reason se cherche ainsi entre conte rustique et légende
urbaine, entre spirituals lo-fi et turbulences indie rock, entre folk
et krautrock, entre grâce et larsen, évoquant pêle-mêle, Will Oldham,
Low, Yo La Tengo, Jonathan Richman, Neil Young, la version krautrock du
Floyd (Because of the drugs), la rencontre post-mortem de Mark Sandman
et de Moondog (Freedom is terror) ou le tribute funèbre à Joy Division
(That's the way out)... Une âme dans le désordre.


LAUTER The age of reason (Herzfeld)