HUGO RACE + TRUE SPIRIT

Le 53e état américain ? La peinture de sa pochette évoquerait une sorte d’état dans l’état, un trou noir aspirant les âmes du 11 septembre et les pensées noires de Guantanamo dans un chaos de flammes, de sang et d’acrylique. Quasi le plan Apocalypse now avec la vibration dans l’air chaud d’un blues des Doors et Leonard Cohen portant la moustache et la veste de daim vintage, dans le rôle d’un Lee Hazlewood en tournée sur le front. 53rd State est ce disque énorme où les ballades flottent dans l’air lourd et pollué de L.A., charriant des scénarios de romans noirs et des visions psychédéliques hallucinatoires, aux frontières des derniers quartiers mexicains rejetés vers le désert. La silhouette en ombre chinoise de Duane Eddy se découpe sur du folk hollywoodien et dylanesque, des arrangements sompteux à la Ennio Morricone ensorcellent le laidback, Sand la reprise de Lee Hazlewood, enregistrée à Berlin en duo avec Violetta Delconte Race, sur des guitares sixties et des orchestrations sombres, évoque Jack Nitzsche ou Sonny Bono, tandis que les scansions acid blues renvoient à la fois à Jim Morrison, Jon Spencer ou Morphine. 53rd State est ainsi cette sorte de session de desert rock, une nuit d’orage. Hugo Race et ses hommes recrutés entre un disque des Bad Seeds et un thriller de Don Siegel, y chantent une sorte de relecture de la Bible, belle, funèbre et violente, entre Cormac McCarthy et Mark Lanegan. Enorme, je vous dis.
53rd State (Glitterhouse/Talitres) - PP