THE HERBALISER

Stické acid contemporary jazz, offrant les versions live et
instrumentales des standards de The Herbaliser Band, le Session One
était paru sur Department H, en 2000, entre un remix pour Coldcut et un
volume de la série Solid Steel. Un scénario Ninja Tune réconciliant le
mythe de Stagger Lee et les BO de Lalo Schifrin. Ce Session 2 est une
belle récidive. Taillé comme un long plan séquence de série B, culte et
coupe-gorge, l'album se recadre dans un index de BO d'anthologie entre
le Swinging London des sixties, la blaxploitation américaine du début
des années 70 et le funk'n'scratching des années 80. Deep, jazz &
soulful. Amores Bongo aurait pû signer un générique d'Austin Powers,
Geddim! claque comme le classique d'une BO d'un film de Gordon Parks et
Theme from Control Centre était naturellement calé sur le Dj Kicks de
Stereo MC's. Et Another Mother vous offre illico le rôle de votre vie
en porte-flingue dans un thriller lunaire et psychédélique. Noir comme
du Chester Himes. Superbe.

THE HERBALISER Session 2 (!K7)

KAP BAMBINO

Orion Bouvier et Caroline Martial sont nés de l'underground bordelais,
si tant est que celui-ci existe, noir et fermenté, surgi des
dissonances noisy et des cultures techno reliant Liars et Black Dice.
Auteur de 45t double A sides sur Wwilko le label maison (celui de
JL Costes et Gangpol & Mit) et d'un premier album, Zero life, night
vision sur le label londonien Alt Delete Records, Kap Bambino le duo,
est aujourd'hui remixé par Birdy Nam Nam et Candie Hank, alter ego de
l'activiste berlinois Patric Catani. Mais à défaut de mettre de l'eau
dans son Bordeaux, Kap Bambino s'est construit un nouveau disque,
pogotant dans le flou artistique et la convulsion électro punk, et crée
un appel d'air du genre entre bluette acide, new wave mongoloïde et
rite post punk, définissant le fracas de ses hits (oui, des hits !)
évoquant Crystal Castles, Suicide, Magnetix l'autre duo du coin et les
BO de films de Mario Bava. Une vraie liste noire.


KAP BAMBINO Blacklist (Because)

LAUTER

Vagabondant entre bayou et frontière rhénane, Boris Lauter Kohlmayer se
nourrit d'histoires, de sentiments et d'images au sens équivoque. Celle
de son nouveau disque assume un drôle de côté "strange fruit", entre
l'accident d'autocar en Forêt Noire, le jogger narcoleptique et le fêlé
écolo en stage druidique. La terre est mouillée, la peau est glacée. Le
blues résonne dans les os, le psychédélisme donne le vertige, le folk
picking entaille la peau des doigts, le slowcore colle à la boue et les
accords du banjo chassent l'obscurité, au coeur d'un double album,
dense comme un sous-bois, peuplé d'hommes sauvages et d'animaux de
fables. Age of reason se cherche ainsi entre conte rustique et légende
urbaine, entre spirituals lo-fi et turbulences indie rock, entre folk
et krautrock, entre grâce et larsen, évoquant pêle-mêle, Will Oldham,
Low, Yo La Tengo, Jonathan Richman, Neil Young, la version krautrock du
Floyd (Because of the drugs), la rencontre post-mortem de Mark Sandman
et de Moondog (Freedom is terror) ou le tribute funèbre à Joy Division
(That's the way out)... Une âme dans le désordre.


LAUTER The age of reason (Herzfeld)

ORIGINAL FOLKS

Le très beau Golden Age résume à lui seul la souplesse et l'équilibre
du jeu de ses harmonies, tablatures et nuages, americana et après punk.
Un plan pur, exprimant à la fois l'idée du repli sur soi, quelque chose
de l'ordre de l'intime et de l'esprit de famille, et l'idée de grands
espaces, de la littérature et des Rocheuses américaines, avec un mid
tempo de laidback, étiré comme une lumière du soir. Du Triffids à la
manière Clem Snide, entre chien et loup. Soit un album entier qui tient
des généalogies folk pop élastiques, jangle ou country light, Josh
Rouse ou Lloyd Cole & The Commotions, les reprises de Felt et
l'élégance de Wilco, avec des mélodies taillées comme des scénarios,
mariant lo-fi et revival pop 80's, accompagnés d'odeurs de résineux,
aiguilles et arpèges, balisant la route jusqu'au bout de la chanson,
redessinant la ligne turquoise de ces Vosges où habitent les autres
amis et cousins de Dean Martinez.


ORIGINAL FOLKS Common use (Herzfeld/La Baleine)

SINGAPORE SLING

Obsession de barman ou plan cinoche SM ? Cocktail culte servi dans les
hôtels de luxe de Singapour et/ou film de cul déviant découvert à
Avoriaz, le Singapore Sling marie bien le feu et la glace, le citron et
le sexe, la came et la cerise confite. Une sorte de poison glam, au
goût de latex et de Bénédictine. Singapore Sling, le dark rock band
psychédélique, est de Reykjavik, Islande, le pays de Gus Gus et
d'Arnaldur Indridason, des trolls et du Viking Metal. Ils ont fait la
première partie de Brian Jonestown Massacre à New York et celle des
Raveonettes à Los Angeles. Paru en novembre de l'an dernier sur le
label islandais Microdot, le 4ème album du groupe affole les
blogueurs. Perversity, desperation and death est un disque de genre
explorant les zones d'ombre du rock'n'roll, avec son de guitare
antique, écho dans la voix et frisson de tambourin. Du garage rockab',
lourd et poisseux, organisant à la nuit tombée la rencontre de Lee
Hazlewood et des Cramps. Ça sonne comme du T Rex en 16 tours, du
Leonard Cohen version slowcore ou du Cochran repris par Jesus & Mary
Chain. Et ils ont collé leur reprise des Monks, I hate you, en face B
du nouveau single. 


SINGAPORE SLING Perversity, desperation and death (8mm/Differ-ant)

JAZZ LIBERATORZ

À Meaux, près de Paris, (on dit désormais Meaux-Town), entre les films
de Jean-François Richet et les boucles de Crazy B, les fréquences du
Jazz Lib traquent les notes bleues dans les zones d'ombres de la cité
et les reflets noirs de trésors jazz au format vinyl. Le trio de Jazz
Liberatorz, Damage, Dusty et Mahdi, élastifie ses featurings, ses
matières live et son jeu de samples sur la longueur d'une B.O. hip hop
jazz, mélange deep and soulful de rare groove, de rap indé, de bop et
d'acid jazz plaçant la barre très haut, dessinant ses lignes mélodiques
dans la tiédeur polluée des nuits new-yorkaises. ruit of the Past, paru
sur Kif Records, label parisien de Pépé Bradock et de Birdy Nam Nam,
bénéficie ainsi d'un scénario de nuit américaine, reliant A Tribe
Called Quest et Ramsey Lewis, Freddie Hubbard et Ronny Jordan. Mos Def,
Aloe Blacc du duo californien Emanon, Fat Lip ex-Pharcyde, le rappeur
West Coast Declaime, T.Love ou Wildchild du crew Lootpack y insufflent
le flow. Dela, les Drum Brothers ou 20Syl de Hocus Pocus remixent. Le
plan au poil pour Radio Nova. 


JAZZ LIBERATORZ Fruit of the Past (Kif)

GRIZZLY BEAR

L'album porte le nom d'une petite île inhabitée, l'île de Veckatimest
près des côtes de Cape Cod, péninsule au sud du Massachussets, à
quelques heures de voiture. Lieu étrange de plages et de marais
conjugant histoire politique et écosystème, été indien, baleines et
résidences secondaires des Kennedy, Cape Cod est le théâtre des
répétitions des surbookés Grizzly Bear, dans une maison de la
grand-mère de l'un d'eux, avant qu'ils ne reviennent à New York les
enregistrer dans une église réaménagée en studio. Surbookés, les
Grizzly Bear ? Entre les premières parties de la tournée de TV on the
Radio et la série de concerts en hommages à Paul Simon à la Brooklyn
Academy of Music avec Olu Dara, Amos Lee et Gillian Welch, entre le
side-project de Daniel Rossen, Department of Eagles, et le mini album
Friend pour lequel ils enregistrèrent des reprises de CSS, Band of
Horses et Atlas Sound, ils donnèrent un concert au Walt Disney Concert
Hall avec le Philharmonique de Los Angeles. Le parcours de Grizzly Bear
est par ailleurs un enrichessement permanent, un itinéraire bis
d'expériences et d'oeuvres pop mariant le songwriting et la couleur,
l'écho et la lumière. Veckatimest, le nouveau Grizzly Bear procure, à
ce titre, un doux vertige des sens, survolant de nuit la pointe de
Manhattan, l'Hudson River et les quartiers de Brooklyn. Du Google Earth
dolby stéréo. Sur des structures rythmiques évolutives et des harmonies
pop en mouvement, mélange enchanté de réminiscences prog et de plans
noisy, de post-folk, de doo wop et de merseybeat, Grizzly Bear crée
ainsi un autre panthéon du genre, un cran au-dessus encore du dernier
Animal Collective. Un peu comme si Dany Elfman avait été le producteur
des Beatles. 

GRIZZLY BEAR Veckatimest (Warp/Discograph)

AARON MARTIN & Machinefabriek

Prolifique Monsieur MAchinefabriek, cette fois en collaboration avec le
multi-instrumentiste américain Aaron Martin, dont les performances
violoncelle sont la source sonore de ce projet. Ce maxi reprend les
grands principes de l'ambiante, mixant drône et tourbillon de
mélancolie .. Les débuts sont murmurés, s'éssouflent entre deux vagues
d'air de minuscules particules glitch et, par transparence, le
violoncelle. Le second morceau marie les sonorités de Aaron Martin avec
une ambiance aquatique.. Gouttes et écoulement d'eau submerge peu à peu
dans un jeu de vagues apaisée.


AARON MARTIN & Machinefabriek - Cello Cello & Recycling noyade (Type)

automatic books


http://www.automaticbooks.org/ (via)

DJ Food

C'est le retour après 6 ans d'absence.. Textures fumeuses et giclée funky comme arque de fabrique. C'est pourtant avec un "Illectrik Hoax" à la charpente rock que s'ouvre ce maxi de plus de 30 minutes.. Sur plus de 13 minutes, on s'attardera sur "A Trick of the Ear" épopée de percussions . On s'attarde et on s'installe dans cette invitation à l'errance, fulgurance et alternance. Un retour aux sources mathématiques du rock expérimental mais observé dans un jeu de prismes multiples. Clins d'œil à la musique ethnique , au jazz rock progressif , aux alliances électroniques viennoises, ce morceau semble écrit sur mesure pour une méditation musicale où l'on retrouve Fourtet, Kruder & Dorfmeister, et Tortoise. C'est donc avec plaisir qu'on retrouve le morceau en version remixée par Bundy K Brown (membre de Tortoise) en conclusion de ce premier maxi.

DJ FOOD - One Man's Weird Is Another Man's World (Ninja Tune)

Maguy Marin * Umwelt

LOAN

En écho à la scène anglaise, il était impératif d'accorder sa juste
place à la sortie de ce disque étrange et nécessaire, d'une artiste
confirmée de la scène electronique française. Sons dubstep massive du
Nord clashés par des MC's ruff du Sud... premier album intégrant cinq
titres avec des MC's de la scène hip hop Dakaroise, ainsi que des
collaborations avec des artistes de la scène électronique française.
Dubstep et Dubloaded baignés dans la marée noire de Kode9 et Appleblim,
Résonances d'outre-tombe et frénésie mécanico-bassline, l'album fait
dans les ambiances lourdes et tenaces. Les protagonistes français
travaillent le dub à coup de petits tampons d'éther pour ensuite une
hot-cuisson dans une marmite de pétrole.. Les ondulations basses
abyssales tracent la route dans une caverne humide où les stykers de
Burial et Shackletonse se décollent mais aussi les affiches des labels
Basic Channel et Chain Reaction. Une musique intense, un sidérant
travail d'épure sur les rythmes, climats, échos et textures, Le phrasé
chaud des Mc's est monté en volutes par la production vibrante et
fumante. Résultat : un disque authentique & conseillé


LOAN "GriGriBreakers" ( IOT - DTC / La Baleine)

Ré-écouté

Vex'd, c'est deux londoniens : Jamie et Roly. Deux b-boy ayant usé leur
pantalons sur les mêmes bancs du collège de Bristol et responsables des
deux premières références du label Subtext : 'Pop Pop' et 'Lion'.
Suffisant pour Mike Paradinas ? Et bien oui et à l'écoute de ce double
album cela se comprend. Handclaps caverneux, basses de gusto–psycho,
écho de radar , la grime de ces deux chérubins se pare de ses couleurs
les plus sombres, carbonisant Dizzee Rascal sur un bûché confectionné
avec les patriotes de The Bug. Car le duo préfère les méandres
originelles de Virus, les sonorités métalliques des productions de
Moving Shadow et le souffre de la fratrie Techno Animal, aux paillettes
d'un grime version edit. Restant sous la ligne de flottaison,
« Degenerate » souille les dancefloors, enfume les feutrines.
Rythmiques lourdes et effets sonores d'un loosely dubstep , les douze
compositions déversent leurs surplus graisseux, comme autant de
rouleaux denses d'une marée noire abandonnant sur la plage emprunts
breakbeat, hardcore, gabber et 2 step et références à un tracklisting
redoutable regroupant Photek, Technical itch , Gunshot et Fever .. Un
futur classique


VEX'D' « Degenerate » (Planet mu / LA Baleine) 2005

Bande annonce.. MOKUHEN


" Jeux de cordes en limailles de fer et atmosphères rugueuses, voix fantôme et murmure, Mokuhen visite, égratigne et dissèque disques compacts et vinyles,extrait des sillons la matière sonore. Ces éléments fragmentés, retraités construisent un univers sonore intimiste. Multipliant les effets et jeux de matières, sa musique dévoile progressivement sa complexité entre craquements et mélodies bancales. Ses compositions, comme son travail pour le théâtre ou des installations sonores, traduisent une volonté de narration. Micro-mécaniques organiques, harmonies sourdes, filets mélodiques échafaudent le climat fragile d'une bande son s’évaporant dans des phrases longues comme des travellings. 'Kazagumo' (le vent annonçant la pluie), premier album de Mokuhen.. Entre le vertige de la danse des grands arbres, les ambiances marabout, les boucles industrielles et la pop digitalisée, on perd l’équilibre dans un parterre de basses sourdes brouillées de tics sonores. Energie naturelle et frissons d’une sincérité musicale, il s’invente son univers au charme étrange. Un disque sans ronds de jambe. Mokuhen joue, essaye, raconte, se lance dans l’action, y laissant les contours rugueux, les tonalités primaires, les humeurs de la nuit..."

Bande annonce de l'album.. On en reparle bientôt

NATE YOUNG


Nate Young est là pour peindre le mur sonique aux couleurs noir de ses effets triturés dans les antres des machines. Mélange ambient et bruitisme électronique, il n'a de cesse de défricher de vierges territoires, de boucles insistantes, de râles, de grouillements forgés au goudron.. Nate Young seul ou entre amis (membres de Wolf Eyes) aime les aplats couleurs de bile, les sonorités distordues d’une âme perdue dans les tréfonds ces drones surpuissants à l'âme perdue..Une mélopée sourde et obsédante, découpée dans les jeux de synthétiseurs et les lignes de magnétophone.. La musique sonne comme si une longue nuit allait commencer pour ne plus jamais s'achever. Répétitif, noirâtre et sans pitié, on ne décèle pas le moindre signe de compromissions artistiques . Un ensemble peu enclin à la jovialité comme l'annonce la pochette au premier abord.. Et pourtant , la musique se fait de moins en moins hermétique pour laisser apparaître un espace en suspension. Au traumatisant "Human Animal" et sa musique sans retour, "Regression" tente une réponse assoupie mais toujours sombre. Aux structures sonores glauques et meurtrières du trio, ce projet solo capte le silence suivant la fin de la tempête, l'amplifie, le dub-hifi. Comme un travail minutieux confectionné à partir des épluchures du monstre confectionné.

Nate Young "Regression" (Ideal)